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Dans une dignité pleine d’émotions, Catherine raconte son histoire, son déchirement irrémédiable, sa faille mortifère. C’est le début du reste de sa vie.

Cette femme a trouvé la foi comme on comble le vide des trous de sa vie. Elle va s’y plonger au risque de se perdre. L’aveuglement manifeste de la croyance poussée à l’extrême, au point de s’abstraire de tout jugement autonome qui ne soit validé par cette morale liberticide, est sans aucun doute la cause de sa transformation et des effets qu’elle déclenche autour d’elle.

Jeune pharmacienne déjà, après ses épousailles avec un jeune pharmacien et les naissances d’Anthony et de Cyrille, elle s’est appliquée à être conforme à l’éducation convenable et le train de la petite bourgeoisie de province. Arrêtant son travail pour s’occuper des enfants puis le retrouvant plus tard. La femme au foyer, le stéréotype même de la bonne épouse d’une bonne famille qui va à la messe chaque dimanche.

L’ennui aidant, la reconnaissance sociale obligeant, la voilà plongée dans un nouveau cercle de fréquentations. Le choix n’était pas difficile, la voie était tracée par la culture familiale dominante, celle du père de famille. Les notables du bourg sont catholiques traditionalistes, ils accueillent les nouveaux parmi eux.

Peu à peu, Catherine trouve du sens à sa croyance, gommant l’usure qui commence à envahir sa vie. La famille s’installe dans cette nouvelle donne pour jouer le jeu de la vie sociale ambiante. De croyants mous, ils deviennent pratiquants assidus, la mère en tête, le père et les deux fils aussi.

Puis l’actualité politique interpelle l'église et provoque l’ire scandalisée des milieux traditionalistes. La loi sur « le mariage pour tous » pointe le bout de son nez, souriant à la liberté, faisant la nique à toute obédience coercitive de la pensée. Trop c’est trop ! Après le spectacle Golgota picnic qui a déjà mobilisé tous les leurs, voici que les Homos vont se marier ! Mais où sont passées les valeurs fondamentales ?

Alors, le glissement s’opère. De la tranquille quête de sens à sa vie et l’obtention d’un nouveau statut social, le militantisme devient son activité principale et l’unique préoccupation qui l’anime. Oublie-t-elle l’essentiel de sa vie ? Qu'est devenu l’éthique de son métier qui lui fait refuser de vendre la pilule du lendemain ? Qu'en est-il de l’attention portée à ses enfants devenus jeunes adultes qu’elles ne voient pas évoluer ? L’un vers le catho pur et dur utilisant la violence pour convaincre ou punir, l’autre vers une homosexualité choisie et assumée ?

Tout cela finira comment ? Pas bien du tout…

Catherine devra–t-elle porter sa culpabilité toute sa vie comme un autre enfant dont elle n’accouchera pas ? Saura-t-elle réagir et redevenir elle-même ou s’engouffrera-t-elle plus loin encore dans la dévotion d’une transcendance de la réalité, pour s’en échapper tout à fait ?

L’interprétation de Catherine par Emmanuelle Hiron est forte, puissante même, nous livrant ce texte comme une confession, un cri, un effondrement. L’émotion, la compassion et la rage nous submergent.

La mise en scène de David Gauchard centre notre attention sur le texte adroit et efficace de Marine Bachelot Nguyen. Le jeu de la comédienne prévaut, accompagné par moments par la musique du jeune claveciniste présent sur le plateau. Musique qui nous fait penser à une forme d’élégance de la tradition, à d’autres temps que le présent, celui d’avant, celui de l’oubli.

Un temps de théâtre fort, un texte corrosif et digne, une interprétation impressionnante.

 

Commande de texte à Marine Bachelot Nguyen. Idée originale, mise en scène, scénographie David Gauchard. Collaboration artistique Nicolas Petisoff. Musique d’Olivier Mellano. Lumière Christophe Rouffy. Son Denis Malard. Avec Emmanuelle Hiron et un enfant claveciniste.

Ce vendredi à 20h00, ce samedi à 19h00 et ce dimanche à 16h00 – 94 rue Jean-Pierre Timbaud, Paris 11ème – 01.47.00.25.20 – www.maisondesmetallos.paris

- Photo © Thierry Laporte -

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