Un spectacle d’une force de tous les diables que ce long cri poétique et troublant d’Arthur Rimbaud. Dans une ambiance éthérée et prégnante d’un onirisme marqué, nous sommes enveloppés par les effluves envoutantes de ce texte. Les mots nous touchent à fleur de peau et les maux à cor et à cri.
Ce recueil de poèmes en prose est publié à compte d’auteur en 1873, deux ans avant que cet illustre auteur décide de clore sa carrière de poète, à 21 ans.
UNE SAISON EN ENFER renferme ses déceptions et ses rancœurs sur l’activité artistique et le sentiment amoureux, sur la réalité et la vanité du monde occidental telles qu’il les observe alors, déçu et lassé. Il y a ici comme une quête mystique de pardon, de salut, de refuge au désespoir.
Le spectacle est finement ciselé par la mise en scène d’Ulysse di Gregorio. Les lumières pour seuls effets et le rythme des scansions du comédien figé au centre d’un cratère, créent cette impression permanente d’un ailleurs sensuel, charnel et intense. Tourbillonnent autour de nous les couleurs de ses souffrances et les saveurs des errements que Rimbaud confesse au fil du texte. Comme autant d’hallucinations et de divagations qui façonnent un tableau oscillant entre l’enfer et la mort, le délire et la folie.
Les textes denses, demandant une concentration soutenue pour ne rien perdre, sont magnifiés par le prodigieux Jean-Quentin Châtelain. Sa diction est poème. Ses respirations deviennent les nôtres. Les mots qu’ils nous livrent résonnent proches et profonds.
Une expérience théâtrale poétique rare, aux délices illuminés de l’écriture d’Arthur Rimbaud, servie magnifiquement par Jean-Quentin Châtelain, magistral comédien, grand passeur de mots, d’images et de sensations.
D’Arthur Rimbaud. Mise en scène d’Ulysse di Gregorio. Scénographie de Benjamin Gabrié. Costumes : Salvador Mateu Andujar. Avec Jean-Quentin Châtelain.
Du mardi au samedi à 19h00 – 53 rue Notre Dame des Champs, pais 6ème – 01.45.44.57.34 – www.lucernaire.fr