Un spectacle sans fin où cent fins se succèdent mais qui n’est pas suffisamment fin pour qu’on le mange sans faim. Ah oui là, rien à voir avec le Klug de monsieur Preskovitch ou encore les Doubitchou de Sofia !
Non là, c’est crash, trash et comment dirais-je ? direct-live ! Oui c’est ça, sans ambages ni chichis. On joue dans la cour d’à côté, là où les petits ne viennent jamais et où les grands n’osent pas rentrer tellement c’est crash, trash et comment dirais-je ? direct-live !...
Même Mémé, qui ne voit rien pourtant, aurait été choquée par ces seins à l’air, ces zigounettes sans pilou-pilou et surtout, surtout ! Cette énorme tête de monstre posée sur le plateau côté jardin, qui parle et dont les yeux articulés observent tout, même le public, et n’en perdent pas une de ces démonstrations grotesques jusqu’au rire et pathétiques jusqu’au grotesque.
Sophie Perez et Xavier Boussiron nous concoctent un spectacle composé de tableaux où nous pouvons supputer, imaginer, sous-entendre, entrevoir, surprendre des clichés pris dans les horreurs d'images de fêtes, des stéréotypes drainés par les contes de fée, des poncifs poussifs et hilarants d'exagération sur la séduction, la beauté, le genre sexuel et le jeu d’acteur him-self !
Une sorte de mise en abyme des mises en abyme de comédiens se mettant en scène ou en abyme sans raisons apparentes. Pour le fun sans doute, pour le décalage grossier et la destruction des symboles et des codes certainement, pour rire de tout ça, assurément.
Une sorte de revue de l’horrible, de l’outrage et de l’outrance où le foutraque, façon Dada, se conjugue avec des traits et des visuels désopilants.
Les comédiens s’en sortent bien, se fatiguent pour nous plaire et nous provoquer de ces scènes aux allures d’« agit prop » de la bienpensance de leur bel art, délirants à souhait.
Nous rions souvent, parfois sans savoir vraiment pourquoi. Nous ressentons comme une impression de déballages étranges mais qui ne nous sont pas étrangers, sans doute parce qu’ils sont proches de nos fantasmes, de nos envies de délires frustrés ou de nos rires d’enfants.
Une expérience théâtrale qu'on aime ou pas. Un spectacle à ne pas conseiller aux spectateurs trop sages, ni à mémé d'ailleurs. Quant à Tatie, j’hésite, quoiqu'elle rirait volontiers, j’en suis sûr.
Conception et scénographie : Sophie Perez et Xavier Boussiron. Texte de Sophie Perez, Xavier Boussiron et Arnaud Labelle-Rojoux. Musique de Xavier Boussiron. Costumes : Sophie Perez et Corine Petitpierre. Régie générale : Léo Garnier. Lumière : Fabrice Combier. Son : Félix Perdreau. Régie plateau : Camille Ros. Réalisation décors : Les ateliers de Nanterre-Amandiers – Centre dramatique national. Sculptures : Daniel Mestanza. Réalisation costumes : Corine Petitpierre et Anne Tesson.
Avec : Sophie Lenoir, Stéphane Roger, Marlène Saldana et ErGe Yu.
Du mardi au samedi à 20h30 et le dimanche à 15h00 – 2 bis avenue Franklin Roosevelt, Paris 8ème – 01.44.95.98.21 – www.theatredurondpoint.fr