Une pièce insolite. Émouvant et drôle, intelligent et riche, voici un hymne à la différence digne et audacieux. Les récits de vie de Christopher, jeune autiste prodige, comme ceux de sa famille et de son entourage, nous questionnent, nous touchent et nous captivent.
Tirée du roman éponyme de Mark Haddon, publié en 2003, cette histoire nous embarque dans un sorte d’épopée mystérieuse. La quête de vérité conduite par Christopher cherche à donner du sens à cette réalité étrange qui l’entoure, remplie de mensonges protecteurs et de révélations surprenantes. Une formidable quête de sens à la vie et à la notion de liberté.
Le chien Wellington est mort. Madame Shears, la voisine, retrouve sa pauvre bête transpercée par une fourche de jardinage, Christopher à deux pas de la scène. Ah, il ne fait pas bon voir la haine vindicative de cette femme contre la peur farouche criant son innocence du jeune adolescent ! Son père le tire de là mais quand même...
Commence alors la « Chanson » de Christopher, comme celle de Roland luttant naguère contre des armées. Avec sa logique implacable, son courage et sa conviction, notre jeune héros s’en va procéder aux investigations nécessaires, à la manière d’une enquête policière, pour découvrir le meurtrier de Wellington. Bon, son père lui demande bien d'arrêter ça mais non. Puis, il partira à Londres découvrir la ville, le métro et sa mère qu'on lui disait morte. Ensuite, il reviendra chez son père pour passer avec succès son examen de mathématiques.
Entre des "puis encore"…et des "quand soudain"… des "alors mais" et des "donc il semble"… Que de péripéties et de découvertes l'attendent !
Un parcours aux allures initiatiques, parsemé de hasards, de ruses et de rencontres, nous montre Christopher comprenant un peu mieux les humains, touchant du bout du doigt un peu du bonheur de la liberté, dans sa différence enfin vue par les autres avec des regards moins troubles, presque égaux.
Narrations et jeux, silences et musiques, tableaux vivants et mouvements s’entremêlent et se conjuguent. La mise en scène finement élaborée de Philippe Adrien raconte ce récit avec une adresse efficace et une inventivité impressionnante, le faisant traverser des univers réaliste, onirique et fabuleux.
C'est un détonant Pierre Lefebvre Adrien qui joue l'adolescent, remarquable jeune comédien qui surprend, comme à l'habitude désormais, de sa fougue et de sa sincérité.
La distribution toute entière est au diapason, brillante et précise. Les comédiens sont tous captivants, chaleureux et enthousiastes, nous cueillant souvent par des moments choraux joués ou dansés, aux sourires joyeux ou tristes, toujours à fleur d'émotions. Du bel ouvrage.
Nous sortons de cette histoire prégnante où la joie se mêle aux souffrances, éblouis et émus, complices convaincus de son optimisme bienveillant.
Un fichu et mémorable bon moment de théâtre soigneusement réalisé et remarquablement bien joué.
D'après le roman de Mark Haddon. Adaptation de Simon Stephens. Texte français de Dominique Hollier. Mise en scène de Philippe Adrien. Collaboration artistique de Clément Poirée. Mouvement de Sophie Mayer
Décor Jean Haas, lumières Pascal Sautelet assisté de Maëlle Payonne, vidéo Olivier Roset assisté de Michaël Bennoun, musique et son Stéphanie Gibert assistée de Farid Laroussi, costumes Cidalia Da Costa assistée de Anne Yarmola, maquillages Pauline Bry, direction technique Martine Belloc assistée d’Erwan Creff, habillage Emilie Lechevalier et Françoise Ody.
Avec Sébastien Bravard, Pierre Lefebvre Adrien, Bernadette Le Saché, Laurent Ménoret, Laurent Montel, Juliette Poissonnier, Mireille Roussel en alternance avec Joanna Jianoux, Tadié Tuéné en alternance avec Christian Julien et Nathalie Vairac.
Du mardi au samedi à 20h00 et le dimanche à 16h00 – Cartoucherie, route du Champ de Manœuvre, Paris 12ème – 01.43.28.36.36 – www.la-tempete.fr