Un spectacle profondément touchant. Le sujet nous interpelle par l’émotion qu’il fait surgir et les questions qu’il nous pose. Un texte fort et une interprétation impressionnante d’Amélie Cornu.
Ally est une femme confrontée à la lente agonie liée au coma de l’homme qu’elle aime. Elle trouve la force pour tenir et accompagner cette fin de vie en puisant dans l’ironie la distance nécessaire pour garder le lien à la vie. Elle ne peut, toutefois, empêcher son être de sombrer par moments dans les affres de l’insoutenable douleur du doute, de l’incertitude et des révoltes contre le fait ou les gens qui l’entourent bien ou mal.
La limite de la folie est proche. Ally dérape souvent et reprend la route. Sa raison ou sa déraison prennent le dessus sur l’émotion et la pousse à réagir, à agir et vaincre le vide qui l’attire jusqu’à lui donner le courage de mettre fin à l'insupportable situation. Les troubles puissants qui emprisonnent cette femme, la scellant dans une posture solitaire et une responsabilité vis-à-vis de la vie démesurément trop lourde à porter, nous sont contés un à un.
La comédienne joue elle-même les différents personnages que cette femme rencontre. Son interprétation est précise, légère ou pesante selon les moments traversés par Ally. L’émotion à fleur de peau, sèche comme du bois flotté, vibrante comme un corps qui se bat contre un cœur qui pleure, elle nous montre le combat digne et épuisant de cette compagne, cette sœur, cette collègue, cette amie. Combat qui trouvera sa fin et dont elle sortira souriante mais sans doute pas indemne.
La mise en scène de Jean Barlerin met en valeur le texte et ses images. Les tableaux particulièrement réussis qui reviennent après les noirs font respirer la pièce. Il y a là une adroite mise en valeur du parcours de cette histoire de fin de vie et de celle du début du reste d’une vie.
La musique superbe de Nicolas Dessenne se fait complice, douce ou colorée pour accompagner Ally dans ses aléas, ses tourments et sa résilience. Comme une amie pourrait le faire.
Un spectacle dont l’intimité se fait compagne pour ressentir ce qui se joue dans nos souvenirs ou dans nos peurs face à la mort et y réfléchir aussi. Oui, nous souhaitons voir dans cette narration magnifiquement jouée, un optimisme libérateur, une fureur de vivre malgré tout, malgré ça !
Je recommande vivement ce bel hommage à la vie.
Texte et interprétation d’Amélie Cornu. Mise en scène de Jean Barlerin. Musique de Nicolas Dessenne.
Les mercredis à 19h45 – 6 rue Pierre au Lard, Paris 4ème – 01.42.78.46.42 - www.essaion.com