Ce spectacle est un précis d’élégance, d’espièglerie et de charme. Un vaudeville savoureux aux allures de farce bourgeoise où l’amour brille de ses éclats, l’humour fait des ravages et le désir est roi.
Les personnages du fameux trio amoureux sont croqués avec panache et un redoutable abattage précieux et acerbe. Les bons mots se bousculent aux césures désopilantes, aux ruptures de situations et aux envolées lyriques auto dérisoires.
Du Sacha Guitry des grands jours ! Ceux où le maître se laisse aller à la poésie comme à la folie du moment. Ceux des jours fastes où il célèbre le culte de la passion amoureuse. Dévorante, éphémère et sincère mais toujours entière et belle comme si nous faisions un rêve.
Chez Guitry, l’amour est religion, le désir est calice et l’aube est volage. Son théâtre est une liturgie du plaisir. Il en rit avec sérieux, il en parle avec éloquence, il en joue avec classe. Toujours à contre-pied de la convenance, jamais hors des clous du convenable mais souvent proche des limites de l’outrage et du burlesque.
Nicolas Briançon cisèle sa mise en scène comme un orfèvre travaille ses bijoux. Tout étincèle. Du décor, des costumes aux lumières. Des mouvements, des postures aux jeux. C’est beau, truffé d’astuces. L’ouvrage touche au délire sans y sombrer et multiplie les touches poétiques avec délicatesse.
Les comédiens jouent d’excellence. Marie-Julie Baup illumine son personnage d’épouse avec un charme fou et une élégance altière mêlée d’une candeur feinte ; Nicolas Briançon incarne le séducteur raffiné et malicieux avec brio ; Éric Laugérias dépeint l’époux cocu et dépité avec truculence ; Michel Dussarat étonne par ses savoureuses entrées pantominesques, finissant un tableau majestueux.
Un spectacle soigné, du théâtre de plaisir, un temps très agréable. Le public en sort enchanté.
De Sacha Guitry. Mise en scène de Nicolas Briançon.
Avec Marie-Julie Baup, Nicolas Briançon, Michel Dussarat et Éric Laugerias.