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C’est Noël, la famille est réunie. Une belle et grande famille unie… autour de la dinde. Les conversations se conforment aux conventions, certaines flèches pointent leurs piques et animent les plus sages. Rien de bien étonnant pour un repas de famille. Tout va bon train jusqu’à l’arrivée de l’oncle Bob et là, c’est le début du commencement !

 

Le banquet devient ring, les propos deviennent incisifs, intrusifs et provocateurs. L’insolence guette et l’impertinence règne. Ce qui doit être dit n’est plus suggéré mais explose comme des pétards placés dans la buche glacée. De mondain mais rude, nous passons à trash et dur. Famille je vous hais !

 

Des règlements de comptes interpersonnels nient tout plaisir au sein de la famille, lui déniant tout droit au bonheur réconfortant et heureux. Une kyrielle de provocations et de dénonciations dans laquelle se vautrent les uns comme les autres. Martin Crimp n’y va pas avec le dos de la cuillère pour nous faire gouter de sa virulence et de sa hargne contre les poncifs et les idéaux prescrits sur le bonheur dans notre société moderne. La comédie du bonheur.

 

Composée en trois parties distinctes, le récit avance progressivement depuis une matérialité du quotidien vers une abstraction de la pensée déconstruite, posant habilement sur les épisodes décrits des effets de miroir redoutablement ravageurs. Tout le long nous retrouvons la verve si particulière à Crimp qui utilise volontiers la férocité distinguée de la dérision cruelle et de la satire sociale.

 

La mise en scène finement soignée de Camille Saintagne ne nous prive pas de l’usage ironique et fallacieux de la musique et des sons, si cher à l’auteur. Des chansons solo, en duo ou à plusieurs parsèment la pièce et donnent une impression délibérément déjantée à l’ensemble. À noter la bande sonore et la partition musicale jouée en direct tout simplement lumineuse et adroite.

 

La distribution toute entière est pêchue. Daniel Baldauf, Louise Cassin, Moïra Dalant, Pablo Gallego, Henry Lemaigre, Ninon Leyshon, Lise Moreau et Cécile Oquendo débordent d’un enthousiasme délirant et communicatif.

 

Un spectacle intéressant, drôle et décapant. Un Martin Crimp réussi.

 

 

Spectacle vu le 27 juillet 2018,

Frédéric Perez

 

 

 

De Martin Crimp. Mise en scène de Camille Saintagne. Composition et musique live par Victor Pitoiset. Costumes de Anna Salles.

 

Avec Daniel Baldauf, Louise Cassin, Moïra Dalant, Pablo Gallego, Henry Lemaigre, Ninon Leyshon, Lise Moreau et Cécile Oquendo.


 

 DANS LA RÉPUBLIQUE DU BONHEUR au théâtre
Le Vieux Balancier à 22h00 jusqu’au 29 juillet
Voir dates actualités de la compagnie sur leur site
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