
Une comédie populaire et désopilante à la manière d’une farce moderne qui dépote et qui nous transporte dans un univers burlesque à souhait ou fou à lier si l’on préfère. Et tout ça, pour le plaisir de rire sur ce qui fait les travers ordinaires de la petite bourgeoisie d’aujourd’hui, dans laquelle chacune ou chacun ne peut que se projeter ou y reconnaitre des proches et faire les liens avec les prises de bec, les engueulades ou les colères qui vont avec, enfin je parle des autres bien sûr !...
L’usure du quotidien, ses habitudes et ses répétitions, ses doutes et ses exaspérations, trouve ici une représentation sarcastique, caustique et totalement déjantée, laissant filer les vraisemblances jusqu’à toucher à un délire baigné d’un surréalisme désarmant, au charme fou de l’exagération rieuse et finalement bourrée de tendresse.
Le texte mitraille en permanence de ses traits fuselés les situations qui deviennent piquées d’improbables scènes qui font mouche, de dialogues ciselés et efficaces.
Les clichés s’enchainent et se moquent d’eux-mêmes tant c’est grossi et bon enfant. Les rebondissements comiques sont légion. Ils surfent sur nos souvenirs, nos appréhensions ou nos fantasmes et passent au filtre de l’humour la vie quotidienne du couple qui s’use mais qui ne plie pas, sur le voisin « beau gosse » qui fait des ravages et sur la parentalité que font tanguer des ados encombrants. Du rire cathartique dans la pure tradition de la farce populaire.
L’écriture de Falvia Coste et la mise en scène de Anne Bourgeois nous mènent et nous malmènent au rythme qui convient pour ne rien laisser passer qui ne soit dédié au rire et à ses effets. Captivé par ces assauts incessants, le public complice est hilare.
Que c’est bon de sentir ce bonheur ambiant et de se laisser porter jusqu’au bout, tout simplement, dans ce tourbillon rieur, joyeux et sympathique.
Nous l’avions déjà remarqué dans nos chroniques, la pétillante Corinne Touzet excelle à nouveau ici dans le jeu comique. Avec l’inénarrable Daniel Russo, redoutable dans la drôlerie, que l’on apprécie toujours comme un ami qu’on retrouve, le duo fait la paire et dégage une énergie folle et plaisante. Loup-Denis Elion n’est pas en reste et les rejoint sans détonner. La vis comica envahit le plateau. Tout cela fonctionne à merveille.
Une comédie sans fausse prétention où il faudrait se poser mille questions pour chercher les messages. Limpide, agréable et franchement drôle, un moment de théâtre de plaisir, très bien joué, que je conseille !
Spectacle vu le 28 septembre 2018,
Frédéric Perez
De Flavia Coste. Mise en scène de Anne Bourgeois assistée de Sonia Sariel. Décors de Jean-Michel Adam. Lumière de Laurent Beal assisté de Didier Brun. Musique de François Peyrony. Costumes de Cécile Magnan.
Avec Loup-Denis ELION, Daniel RUSSO et Corinne TOUZET.