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Trois femmes sur le plateau, vingt-cinq tableaux courts et percutants, ce spectacle étonnant nous surprend et nous touche. Nous passons du sourire au rire et par une kyrielle de sensations muettes et chargées pour ressentir ces maux que leurs mots et leurs corps transportent.

 

Fragments de vie qui surgissent, morceaux d’amour tombés qui se relèvent, miettes de désirs empêchés qui blessent et jonchent encore les souvenirs, douleurs profondes qui attendent leurs oublis ou leurs deuils… Ces paroles de femmes s’amusent de leurs ricochets et claquent tout à coup contre notre mémoire et notre imaginaire.

 

Si notre raison tente vainement de créer une distance, l’émotion nous rattrape. Nous sommes tendus vers l’écoute de ces femmes qui nous parlent pour se délivrer, qui partagent avec nous les affres de leurs vies. Avec humour souvent, avec force toujours, avec ce trouble délicat et impudique qui sied parfois si bien à celle ou celui qui raconte ce qui a été meurtri.

 

Cris de colères ou de souffrances, murmures de confidences ou de réminiscences, elles exposent sans retenue des brides d’aventures déçues, des souvenirs frustrés, des blessures ouvertes qui ne se referment pas. Elles nous parlent autant que cela nous parle. Comment ne pas reconnaitre le récit d’un ou d’une proche, se rappeler un moment oublié de son propre parcours, tirer sans y prendre garde des fils qui remontent jusqu’à nos peines, nos peurs et nos joies aussi ?

 

L’écriture de Fabien Le Mouël est d’une élégance sensible, d’un aveu franc et fort. Les répliques se veulent efficaces et elles le sont. La théâtralité de ces monologues se montre particulièrement réussie. Un texte captivant, une pièce agréable.

 

La mise en scène de François Rimbau donne un rythme soutenu, vif même et semble attacher autant d’importance aux variations des propos et des situations qu’à la simplicité percutante du texte. Le choix des accessoires est judicieux. Des cubes qui modifient l’espace pour composer les décors nécessairement changeants. Des chaussures, montrées ici comme emblématiques qui offrent une temporalité signifiante par leur accumulation progressive. C’est malin et tout à fait adapté pour servir le texte sans appuyer.

 

Les comédiennes colorent les tableaux avec une adresse de jeu remarquable. Solène Gentric troublante et fine, tout en intérioté. Alix Schmidt lumineuse et extravertie. Leanna Chea (ce soir-là) pêchue et sensuelle. Toutes les trois sont touchantes, d’une féminité digne et belle.

 

Un spectacle de partage d’émotions et de regards sur la vie, celle de femmes qui nous parlent d’elles. Un spectacle qui nous parle aussi. Je recommande ce beau et charmant moment d’humanité.

 

 

Spectacle vu le 24 octobre 2018,

Frédéric Perez

 

 

De Fabien Le Mouël, d’après son livre « Brèves de Femmes » (Éditions Edilivre). Mise en scène de François Rimbau assisté de Fabien Le Mouël.

Avec en alternance Solène Gentric, Alix Schmidt, Cécile Théodore et Léanna Chea.

 

Mercredis et jeudis à 21h30
5 rue Blainville, Paris 5ème
01.42.01.81.88 www.theatredelacontrescarpe.fr

 

- Photo © Fabienne Rapenneau -

- Photo © Fabienne Rapenneau -

- Photo © Fabienne Rapenneau -

- Photo © Fabienne Rapenneau -

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