Fidèle à sa vocation de favoriser la création théâtrale au féminin, « Paris des Femmes- scène d’auteures » clôturait hier la 8ème édition dédiée cette année au sujet « Noces ».
Du 10 au 12 janvier, trois soirées pour entendre et apprécier trois pièces courtes chaque soir sous la forme de lectures mises en scène par Anne Berest le jeudi, Michel Vuillermoz de la Comédie-Française le vendredi et Jérémie Lippmann le samedi.
Jeudi 10 janvier :
- NOCES DE PLOMB de Anne Berest avec Matthieu Demy, Judith Magre et Anna Mouglalis.
- PUISQUE QU’IL FAIT JOUR APRES LA NUIT de et avec Anna Mougladis.
- CONTRECHAMP/DRAFT de Rebecca Zlotowski avec Kate Moran.
Vendredi 11 janvier :
- LA PHOTO DE FAMILLE de Adélaïde Bon avec Carmen Brown et Bruno Gouery.
- CINQUANTE PAS DANS L’ALLEE de Isabelle Carré avec Jacques Boudet, Jean-François Cayrey et Laurence Colussi.
- THIS IS NOT A LOVE SONG de Carole Fives avec Jean-François Cayrey et Laurence Colussi.
Samedi 12 janvier :
AUTOPSIE de Tania de Montaigne avec Assaad Bouab, Lola Le Lann et Olivia Ruiz.
Autopsie d’un mariage qui « dénoce », voici un décorticage des étapes de la relation amoureuse scellée par des noces depuis le début jusqu’au point de non-retour. Du sentiment d’attirance à l’approche sensuelle, au plaisir d’être ensemble jusqu’à la survie d’après. Une écriture qui interroge les motivations de la séparation sans tenter d’essentialiser mais en montrant le trouble du doute, celui de l’évitement face à l’évidence. « Lui » qui cherche à confronter les regards, « Elle » qui semble préférer abstraire la réalité pour ne pas l’affronter, laissant l’émotion lui faire écran.
LES NOCES DE SAINT-PÉTERSBOURG de Catherine Cusset avec Olivier Barthélémy et Tatiana Spivakova.
Nous sommes saisis par ce texte qui exprime avec vigueur et délicatesse à la fois, la passion amoureuse dévorante qui peut aimanter deux êtres jusqu’à les emporter vers leur avenir. Un texte qui plaque l’impossible choc des cultures et des attentes qui s’opposent jusqu’à montrer le refuge de l’impatience dans la violence. Un texte qui décrit un impossible amour, d’impossibles noces.
LA PSYCHÉ de Noëlle Châtelet avec Quentin Dolmaire et Lola Le Lann.
Une écriture adroite qui approche les facettes identitaires du désir d’aimer. Celles qui poussent à la quête de trouver le réel objet du désir amoureux. Celles qui donnent peut-être un sens à l’émoi, à l’attirance, à l’attachement indéfectible à l’autre. Qui aimons-nous quand nous aimons ? Quel est ce jeu de miroir, de double inversé que nous pourrions voir dans le lien amoureux ? Une subtile et captivante démonstration des doutes et des possibles que la fin éclaire.
La théâtralité de ces trois textes lus, même avec la mise en scène réalisée, est difficile à reconnaître. Les personnages qui lisent n’apportent sans doute pas la même chose, en tant que média, que ce que les personnages joués apportent. Le lecteur ne sait pas vraiment s’il a pris la place du spectateur. Reste-t-il auditeur ou devient-il observateur ? Qu’en est-il de son imaginaire ? Le lecteur fabrique le sien, celui du spectateur est stimulé.
Une lecture animée, une mise en lecture comme on dit, me semble préférable à une lecture mise en scène. Mais ne boudons pas notre plaisir, malgré cet exercice difficile pour les artistes, elles et ils ont servi au mieux les trois superbes textes découverts.
Représentation du 12 janvier 2019,
Frédéric Perez