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Ce spectacle est un magistral cri de douleur qui cingle au cœur et au corps. Le récit de la vie sulfureuse et éclatante, ombrée et douloureuse de Camille Claudel, qui demeure une plaie béante, aux confins de la torture, toujours vive et qui ne se refermera pas.

 

Le texte et la mise en scène de Hélène Zidi et le jeu des deux comédiennes Hélène et Lola Zidi frappent l’émotion et la raison. Elles incarnent avec une intensité pure et vibrante les quelques joies de la vie et l’horreur de ce qui fut la destinée de Camille Claudel.

 

Artiste et femme hors normes, follement amoureuse de son mentor Auguste Rodin, son amant, son rival, son traite, elle a dû se battre jusqu’au bout de sa vie pour le droit à s’exprimer sans joug. Sa vie empêchée et volée, comme son œuvre spoliée et détournée, illustrent la condition féminine brimée et soumise à l’autorité machiste qui régnait alors et qui perdure encore aujourd’hui.

 

Cette femme au génie artistique reconnu désormais sans conteste luttera toujours et encore pour aimer, choisir et vivre sa vie librement, s’épanouir dans son art. Jusqu’à ce que les conventions sociales et les dictats familiaux la rattrapent et la fassent taire sous contrainte en l’internant dans un asile psychiatrique. Elle est âgée alors de 49 ans. Elle y restera 30 ans, jusqu’à sa mort.

 

L’autrice Hélène Zidi fait un choix stupéfiant. Celui de nous montrer Camille Claudel dans un dédoublement à la fois chronologique et psychologique. Nous proposant d’imaginer devant ce miroir brisé du temps, les derniers jours de la femme et les jeunes années de l’artiste. Osant la folie de les faire se rencontrer, pour se dire ce qu’il faudrait éviter ou pourquoi il est impossible de renoncer. Souffrance et exaltation mêlées, passion et art conjugués à l’amour et au désamour, sentiment de liberté et sentiment d’abandon, sont en lutte permanente. Un texte fort, captivant et émouvant. La rage de survivre ou de vivre nous touche. Le sentiment d’injustice nous étreint.

 

Ce parti pris superbe est porté avec délicatesse comme avec éclat par un texte, une scénographie, une mise en scène et une chorégraphie qui prennent les atours d’une poétique de l’énonciation et de la dénonciation à la fulgurante efficacité.

 

Les jeux restituent avec précision et chaleur l’ardente beauté des sentiments comme la vivacité et la souffrance de cette illustre femme. L’empathie est grande et manifeste pour celle qui tenta en vain de ne pas se laisser emporter par le flux irréversible de la subordination imposée et par la violence de l’amour sublimé puis meurtri, qui la détruiront peu à peu.

 

Un texte riche et prenant. Une pièce soignée à la beauté touchante. Une interprétation éblouissante. Un spectacle que je conseille vivement.

 

 

Spectacle vu le 10 janvier 2019,

Frédéric Perez

 

 

Texte et mise en scène de Hélène Zidi assistée de Grégory Antoine Magaña. Création lumières de Denis Koransky. Décor de Francesco Passaniti. Création Son de Vincent Lustaud. Chorégraphie de Michel Richard. Costume de Gabriel Marc.

Avec Hélène Zidi et Lola Zidi. Et la voix de Gérard Depardieu.

 

Jeudis, vendredis et samedis à 20h00
12 rue Édouard Lokroy, Paris 11ème
- Photo © Julien Jovelin -

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