Un spectacle qui sert la pièce de Georges Feydeau avec fougue et un plaisir de jouer trépignant. La drôlerie des situations ressort d’une force farcesque qui détonne.
Créée en 1897 mais sans doute écrite quelques années avant, écrit-on dans le journal Le Ménestrel à l’époque, cette pièce en un acte de Feydeau reprend la machiavélique astuce de l’hypnose qu’il avait déjà traitée dans Le Système Ribadier en 1892. Il ajoute dans l’argument le fameux rapport de force entre maîtres et valets, dans lequel il excelle et qui fait naître moult situations truculentes au travers de ses pièces.
« Justin est domestique chez Boriquet. Il a des talents d’hypnotiseur qu’il utilise avec son maître pour lui faire accomplir des tâches ménagères à sa place. Mais Boriquet projette de se marier. Justin va tout mettre en œuvre pour empêcher ce mariage. »
Sylvie Auger apporte à l’élaboration dramaturgique et à la mise en scène une touche audacieuse et un jusqu’au-bout remarquables d’intérêt. L'esprit feydeaulien est bien là, sa folie douce et caustique aussi, surpassé par le parti pris de pousser le loufoque jusqu'à le faire exploser en scènes clownesques et déjantées.
L'introduction de refrains de chansons populaires connues, pour exprimer les émotions des personnages, se révèle savoureuse et bienvenue. Chantées en playback, ces insertions apportent des ruptures étonnantes, avec quelques hésitations de textes toutefois.
Les personnages sont campés façon théâtre de tréteaux et trempés de pastiches d’entrées de clowns aux jeux parfois appuyés.
Truffé de piquants allusifs astucieux, l’ensemble est rieur.
Un divertissement plaisant, servi par une troupe enthousiaste qui se donne à cœur joie, où l’on appréciera l’audace burlesque du parti pris.
Spectacle vu le 24 février 2019,
Frédéric Perez
De Georges Feydeau. Mise en scène de Sylvie Auger.
Avec en alternance Deniz Atai, Benjamin Batini, Olivier Bauwens, Alexan Bidou, Laëtitia Bonmartel, Florine Célestin, Isabelle Degraeve, Alexandre Guédé, Arnaud Kob, Sebastien Lumbreras, Lucile Noury et Stéphane Théron.