Comédie sentimentale aux charmes romantiques d’une bluette drôle et sincère, avec sa dernière pièce, Ivan Calbérac ne prend pas des chemins de traverse pour raconter cette histoire d’amour et de hasard. Il donne aux comédiens de savoureux morceaux d’humour et de délicatesse, exposant tôt l’argument et son sujet pour permettre aux répliques de jaillir et de faire mouche à chaque coup.
« Divorcé du genre bourru et célibataire depuis trop longtemps, Jacques tient seul une petite cave à vins. Hortense, engagée dans l’associatif, tout proche de finir vieille fille, débarque un jour dans sa boutique et décide de s’inscrire à un atelier dégustation. Mais pour que deux âmes perdues se reconnaissent, il faut parfois un petit miracle. Ce miracle s’appellera Steve, un jeune en liberté conditionnelle, qui, contre toute attente, va les rapprocher. Et quand trois personnes issues d’univers si différents se rencontrent, c’est parfois un grand bonheur… Ou un chaos total. Chacun à leur manière, ils vont sérieusement déguster ! »
Fidèle à sa description tenace de gens simples et ordinaires qui vivent des choses extraordinaires venant troubler la quotidienneté de leurs habitudes, l’auteur dépeint les personnages et les situations avec sa truculente hardiesse des dialogues surfant sur les codes du langage contemporain, dialogues souvent convenus pour les rendre efficaces et accessibles. Des rencontres improbables fleurissent la vie des héros de cet aujourd’hui et provoquent leurs lendemains de désirs comme pour cacher leurs faiblesses ou leurs souffrances.
Solitaires habités par la résignation, Hortense (« de la Villadière, je reconnais que c’est un peu connoté » dit-elle) et Jacques vont se croiser, se regarder et s’apprivoiser peu à peu, pressés de s’aimer par Steve, autre solitaire habité lui par l’abandon.
C’est truffé d’humour, on rit souvent et c’est piqué de moments de tendresse.
Nous sommes dans du théâtre d’acteurs particulièrement bien joué. Mounir Amamra (le sympathique Steve), Bernard Campan (Jacques le bourru), Olivier Claverie (un superbe docteur) et Éric Viellard (l’ami de Jacques) entourent avec précision Isabelle Carré, ravissante et rayonnante Hortense. Oserait-on dire que la pièce repose sur elle ? oui on ose et on apprécie ce délice de voir cette grande comédienne incarner avec une aisance et un évidence incroyables ce personnage drôle et attachant.
Un spectacle sympathique et chaleureux, Une charmante comédie sentimentale jouée par une distribution au point, entraînée par la brillante Isabelle Carré.
Spectacle vu le 9 février 2019,
Frédéric Perez
Texte et mise en scène de Ivan Calbérac. Scénographie de Edouard Laug. Lumières de Laurent Béal. Costumes de Cécile Magnan. Assistance à la mise en scène de Kelly Gowry.
Avec Mounir Amamra, Bernard Campan, Olivier Claverie, Isabelle Carré et Éric Viellard.