Un spectacle de toute beauté. L’intérêt manifeste tant sur le plan documentaire que sur le plan artistique nous saisit dès la première scène et ne nous lâche pas.
Écrit avec finesse et précision par Brigitte Kernel et Sylvia Roux, à partir du roman éponyme de Brigitte Kernel, la théâtralité du texte, élégante et efficace, donne une ampleur captivante aux messages signifiants traités dans le récit et un velours chaleureux et enveloppant à son déroulement. Une partition impressionnante dont s’emparent la mise en scène attractive et simple à la fois, la scénographie stupéfiante et l’interprétation limpide, convaincante et émouvante d’un brio détonant.
Du très bel art théâtral. Texte, mise en vie et jeu composent ici un ensemble cohérent et brillant qui magnifie en la vulgarisant avec noblesse la figure exemplaire de Léonard de Vinci et la genèse de son génie.
« ’’Je m'appelle Léonard, je suis Italien et j'ai neuf ans depuis deux semaines’’… Un jour il choisit comme meilleur ami un grand carnet de cuir aux pages blanches et commence à y consigner sa vie, ses observations, ses rêves ou encore sa passion pour le dessin et l’anatomie… »
De la déchirure de la relation avec sa mère dans sa toute première enfance, dont il est séparé par un père violent et autoritaire, en passant par la protection salvatrice du grand-père et la rencontre avec le peintre Verrocchio qui devient son maître, le jeune Léonard traversera les heurts et bonheurs du début de sa vie. Heurts et bonheurs qui se révéleront autant d’étapes éducatrices pour découvrir le monde, construire son rapport au réel et affirmer son univers personnel, créatif, inventif et attentif, et dont la vie deviendra un archétype universel et symbolique, profondément marquée par une personnalité humaniste exceptionnelle.
Les convictions exprimées, les illustrations projetées, le climat quasi intime et la complicité bienveillante qui règnent sur le plateau donne à ce spectacle une forme d’écrin extatique propice à l’écoute et la découverte de ce récit initiatique et révélateur. La fiction se conjugue à la connaissance historique, nous sommes pris et surpris, touchés assurément.
La mise en scène inventive de Stéphane Cottin et sa fabuleuse scénographie réalisée avec Sophie Jacob construisent et tissent un parcours narratif spectaculaire, doux et lumineux à la fois. La beauté de l’ensemble est dessinée avec une précision délicate et majestueuse. C’est superbe.
Il reste au magnifique comédien Grégory Gerreboo de s’y fondre et se l’approprier, et il le fait avec réussite. Illuminant de sa présence le récit et le personnage, captant notre attention dès son entrée et nous gardant suspendus à ce qu’il dit et fait tout le long. Il faut voir notamment ses interactions avec ces pantins d’étude devenant des personnages animés, nous surprenant à les suivre du regard au fil de ce qui se joue. Une impressionnante incarnation, une troublante fluidité, Grégory Gerreboo offre là une interprétation magistrale.
Un spectacle sur l’enfance de Léonard de Vinci à la splendeur éclatante où le récit, la mise en vie et l’interprétation sont captivants et dévoilent la présence mystérieuse des secrets qui ont fait déjà de l'enfant un génie. Un très beau et bon moment de théâtre. Courez-y !
Spectacle vu le 16 novembre 2019,
Frédéric Perez
De Brigitte Kernel et Sylvia Roux, adapté du roman de Brigitte Kernel (éditions LEDUC.S). Mise en scène de Stéphane Cottin. Scénographie de Sophie Jacob et Stéphane Cottin. Lumière de Marie-Hélène Pinon. Costumes de Chouchane Abello-Tcherpachian. Son de Cyril Giroux.
Avec Grégory Gerreboo et la voix de Lisa Schuster.
À partir du 26 septembre 2020
Les samedis à 17h00
78 bis boulevard des Batignolles, Paris 17ème
01.42.93.13.04 www.studiohebertot.com