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Cette pièce nous propose un voyage troublant, nous immisçant dans l’histoire d’une femme qui passe de la passion à la désillusion, de la fougueuse espérance d’une vie de merveilles au désenchantement mortifère dans une prison même pas dorée.

 

« Que se passe-t-il dans la vie de Lola maintenant qu’elle a quitté son pays natal, qui l’a si longtemps acclamée comme grande danseuse de flamenco, maintenant que Charles, son anglais de mari, l’a laissée dans les faubourgs de Londres aux prises avec l’infernale fantaisie de sa belle-mère ?... En ce dimanche d’automne, Lola n’en finit pas d’attendre sa fille Pakita qui ne donne pas de nouvelles… »

 

Nous rions d’abord mais pas que...

 

Comment ne pas se laisser cueillir et rire devant ces premières scènes bourrées de non-sens qui nous surprennent par leur fantaisie décalée, un rien déjantée ? Puis nous nous demandons si tout ceci n’est qu’apparences brouillées, fantasmes enfouis, désirs bannis, que Lola nous montre ou se montre à elle-même, pour supporter son sentiment d’abandon, cet amour qui n’existe pas ou plus.

 

Comme dans un rêve rempli de cauchemars.

 

Alors, une sorte de suspens nous tient en haleine. Les voiles tombent, découvrant peu à peu que les postures de femme-modèle ne sont que façade d’apparat joyeux cachant une tristesse irréversible.

 

La joie et la tristesse sont-elles les deux faces d'une même pièce de monnaie : la solitude ?

 

De l'absurde à la mélancolie en passant par le non-sens et la nostalgie, l'amour-passion fait ses ravages, une fois les avants retombés. Le décalé devient étrange. Du rire à la retenue, l'histoire de Lola ressemble à s’y méprendre à l’histoire d’une vie brisée.

 

Ce récit est-il celui de Lola, imaginé par l’auteur Claude Ferri-Pisani ou l’imaginaire du personnage, que l’auteur a imaginé et nous dévoile ? Vraisemblance et onirisme se mélangent, fantasmagorie et poésie se conjuguent. C’est drôle puis troublant et surprenant.

 

La mise en scène d’Isabelle Jeanbrau relève du travail ciselé. Précises et inventives, les mises en place et la direction de jeux donnent au texte toutes les allures qui conviennent pour nous transporter dans un ailleurs piqué d’humour et de sensibilité. Nous passons de l’exagération cocasse et rieuse à l’émotion sensible et quasi sensuelle sans à-coups, dans une fluidité impressionnante. Du bel ouvrage saisissant.

 

La distribution enthousiaste joue les différents registres avec aisance. Catherine Artigala (belle-mère fantasque et insupportable à souhait), Martine Fontaine (une Lola magnifique), Céline Lo Presti (efficace dans ses courtes apparitions), Clément Olivieri (émouvant amoureux éperdu) et Grégory Vouland (à la vis comica étonnante), toutes et tous réussissent leurs jeux dans cette partition difficile.

 

Un spectacle qui surprend et captive. Un texte riche. Une mise en scène adroite et soignée. Une interprétation à la hauteur. Je recommande !

 

Spectacle vu le 29 mars 2019,

Frédéric Perez

 

De Claude Ferri-Pisani. Mise en scène d’Isabelle Jeanbrau. Auteur-compositeur Daniel Jea. Lumières Amandine de Boisgisson. Scénographie Nicolas de Ferran. Costumes Marie Arnaudy.

Avec Catherine Artigala, Martine Fontaine, Céline Lo Presti, Clément Olivieri et Grégory Vouland.

Jusqu’au 5 mai
Du mercredi au samedi à 19h30 ou 21h00 (alternance d’une semaine sur l’autre) et le dimanche à 16h00
53 rue des Saules, Paris 18ème
Photo © Cie SIPARKA

Photo © Cie SIPARKA

Photo © DR

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