Une pièce plein d’attraits, de Christophe Botti, qui au-delà de la bluette sentimentale et charmante dont elle revêt les atours, parle avec justesse de la notion délicate de transformation liée au passage de l’enfance à l’après. Une pièce qui traite dans sa complexité des affres de l’adolescence, mais pas que. De l’adolescence finie et de l’adolescence infinie, l’une qui acquiert des réponses, l’autre qui continue de poser des questions. Les propos soulevés par le texte, notamment en ce qui concerne le désir, percutent toujours et encore, quels que soient les âges parmi le public.
Le décor est installé, nous laissant comprendre ce qu’il nous dit déjà. Simple et astucieux, il maintiendra tout le long de la pièce le rappel de l’enfance, de cette source irrévocable qui prescrit tant de liens ou d’étais redoutables, favorables ou non mais puissants, d’aussitôt à plus tard et peut-être longtemps. Un rappel de l’enfance où la quiétude insouciante devra être bousculée pour la perdre et se lancer dans la nécessaire aventure de grandir.
Puis viennent Mathan, Virginie et François, trois adolescents que nous voyons dans leurs premiers émois, qui se côtoient et se jaugent, s’aiment ou se désirent, s’aiment ou se rejettent. Potes, ami·es, amant·es, auxquels il serait vain de ne pas accepter que l’on s’identifie.
Elle et ils sont là, proches de nos souvenirs, tout près de nos émotions, nous rappelant nos parcours aux unes comme aux autres. Leurs propos et leurs actions montrent ce qui fonde cette transition importante entre l’enfant et l’adulte. Découvrir de nouvelles expériences intimes et sociales. Rechercher les facettes de son identité, son estime et son image de soi notamment. Ressentir ses attirances sexuelles et ses doutes, passer à l’acte. Interroger son orientation en se confrontant aux tabous, contre les pratiques dans l'acte sexuel et contre l'homosexualité, en l’occurrence.
La mise en scène de Frédéric Maugey propose avec adresse et précision une mise en avant du texte, cherchant à nous atteindre. La jeune distribution se donne toute entière. Le texte n'est peut-être pas si simple à jouer, les sentiments des personnages compliqués à ressentir sans retenue, l’émotion passe difficilement la rampe par moments. Mais la flamme est là. À noter, l’interprétation de Léa Malassenet, pétillante et touchante Virginie.
Un texte qui joue de la catharsis à merveille. Une mise en scène remarquable qui le met en valeur. Un spectacle intéressant.
Spectacle vu le 11 mars 2019,
Frédéric Perez
De Christophe Botti. Mise en scène de Frédéric Maugey. Lumières de Nicolas Laprun. Musiques de Aube L. Scénographie de Julien O .
Avec Douglas Lemenu, Léa Malassenet et Thomas Violleau.