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« Madame Pylinska, aussi accueillante qu'un buisson de ronces, impose une méthode excentrique pour jouer du piano : se coucher sous l'instrument, faire des ronds dans l'eau, écouter le silence, faire lentement l'amour... Au fil de ses cours, de surprise en surprise, le jeune Éric apprend plus que la musique, il apprend la vie. »

 

Éric-Emmanuel Schmitt écrit une histoire singulière, à la première personne du singulier même, puisque les bribes de vie qui composent ce récit sont les siennes. La pièce est une adaptation du septième roman de son « cycle invisible » dont la résonance réflective se trouble sans cesse de la sensibilité des regards posés sur les personnages. Entre humilité et extravagance, entre passion et introspection. Et où, comme chaque fois, l’humour chemine avec la poésie.

 

À chaque opus son approche, cette fois-ci, c’est celle de l’apprentissage cocasse de la musique par une professeure truculente dont les modalités excentriques de transmission vont éveiller le jeune Éric à la sensualité et au charnel de l’amour, et plus largement aux emprunts à la nature du savoir-apprécier les plaisirs de la vie.

 

Tissé de nuées oniriques qui voisinent avec les aspects concrets de la vraisemblance, le rapport au réel est flouté en permanence. La musique aidant, nous sommes baignés par l’histoire, ses contours et ses rebondissements. Les mots et les notes s’écoulent sur nous comme des larmes de joie et de tendresse ou parfois, nous giflent comme des gouttes de pluie d’orages.

 

Que nous aurions aimé apprendre avec madame Pylinska. Que nous aurions savouré les rencontres avec tante Aimée. C’est doux et délicieux. C’est touchant et prégnant. Que cette histoire est belle.

 

Ah ça, on peut le dire ici tant on peut le voir et l’entendre : Ô combien un spectacle musical a si bien porté sa dénomination. La musique et la parole ne font qu'une, le piano et la voix jouent de concert. C'est tout en nuances complémentaires et harmonieuses que la musicalité se marie à la narration. Un spectacle envoûtant et caressant, charriant l’émotion dans notre imaginaire, ravivant nos souvenirs et décrivant comme rarement il est fait ce que la musique a de plus sensuel, l’intimité des sensations qu’elle instille, nous laissant ravis, frissonnant de plaisir.

 

Si Éric-Emmanuel Schmitt nous dit comment il a cherché le secret de Chopin, et ce pour notre plus grand bonheur, on peut dire sans hésiter que pour Nicolas Stavy, Chopin n'a pas de secrets. Ce pianiste de renommée internationale est époustouflant dans le répertoire du compositeur. Sa vélocité fluide et spectaculaire comme son toucher simple et fougueux chantent les notes, énoncent ou clament les phrases musicales avec une splendeur délicate ou tonique.

 

La mise en scène de Pascal Faber pose le cadre du récit avec discrétion et précision. Les mouvements sont sensés. Les couleurs des jeux du narrateur comme du pianiste éblouissent ou caressent avec adresse. De la bonne et belle facture.

 

Une écriture brillante. Un texte captivant. Le piano et la parole se conjuguent au temps présent pour un plaisir enveloppant. Incontournable moment théâtral et musical. Un spectacle rare.

 

Spectacle vu le 30 août 2019,

Frédéric Perez

 

 

De Eric-Emmanuel Schmitt. Mise en scène Pascal Faber. Lumières Sébastien Lanoue.


Avec Eric-Emmanuel Schmitt et Nicolas Stavy (piano) en alternance avec Tanguy de Williencourt.

 

 

Du 3 septembre au 4 octobre 2020

 

Du mercredi au samedi à 20h30

Matinées le samedi et le dimanche à 15h00

 

6 rue de la gaîté, Paris 14ème

01.43.35.32.31 www.theatre-rive-gauche.com

 

 

Photo © Fabienne Rappeneau

Photo © Fabienne Rappeneau

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