Quel plaisir mais quel plaisir que ce bain musical et burlesque ! Cette folie talentueuse, cette générosité pleine de joie !
« C’est l’histoire d’un pianiste qui prépare, entretient et astique le piano pour le concert du maestro... C’est aussi l’histoire d’un pianiste qui découvre que les 88 touches du clavier ont dis- paru... C’est encore l’histoire d’un pianiste qui s’aperçoit que son instrument de travail est porté sur la boisson... Et si c’était l’histoire d’un artiste qui interprète de trois différentes manières le début d’un spectacle et enchaîne directement sur la fin de la représentation ?... »
Jean-Paul Farré n’est pas que musicien, conteur, clown, comédien (excellent au demeurant) et auteur. Non, ce n’est que ça Jean-Paul Farré. C’est tout ça à la fois mais c’est surtout un fou furieux artistique, un empêcheur de vie morne, un éviteur de moments fades, un bousculeur de normes, un revanchard des heures perdues.
Il faut absolument se laisser prendre au piège de ce spectacle jouissif, se laisser aller aux rires et aux sourires, se faire surprendre chaque fois où on ne s’y attend pas. Lâcher prise enfin, encore et encore. Que c’est bon !
Une ambiance particulière que les fidèles de ses « spectacles en solitaire » comiques reconnaîtront. Une ambiance complice et chaleureuse alliée à un fichu beau talent. Là où la vis comica se fait tour à tour fourbe et poétique, Jean-Paul Farré n’est jamais loin. Le spectacle est ficelé façon gags et saillies. Tout tourneboule et ricoche.
L’écriture n’est pas oubliée dans ce spectacle, ô que non ! Elle se fait brillante et équilibrée. Le propos est bien pesé. Les notes explosent, glissent ou s'envolent. Les mots les accompagnent avec science et subtilité. Il y a comme une déclaration d'amour au Piano dans cette partition dite et ce récit musical.
L’ensemble est réglé au cordeau par la mise en scène de Stéphane Cottin qui donne au spectacle un rythme « allegro non serioso ». Une mise en place qui accompagne avec précision le ou les personnages dans ce délire déglingué et roublard. Une volonté évidente de furie drôle, tendre et merveilleuse traverse tout le long.
Un spectacle aux charmes fous d'une poésie d'enfance dite par un clown majestueux. Des vagues déferlantes de rire intelligent, en verbe et en musique. Un artiste de grand talent. Un moment magique, courez-y !
Spectacle vu le 8 juillet 2021
Frédéric Perez
Conception et interprétation de Jean-Paul Farré.
Mise en scène de Stéphane Cottin. Lumières et Vidéo de Léonard. Costumes de Chouchane Abello Tcherpachian.
Jusqu'au 31 juillet à 17h20 (relâche les lundis)
https://www.festivaloffavignon.com/programme/2021/dessine-moi-un-piano-s27861/