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Un texte prenant et intrusif de Guillem Clua. Une mise en scène claire et fluide de Anne Bouvier. Deux artistes, Carmen Maura et Grégori Baquet, sublimes et lumineux. Un spectacle où l’émotion se fait belle et nous tient en haleine tout le long, mêlant peines et espérances, à l’image du récit captivant par ses révélations et étincelant tout le long d’une pénétrante humanité.

Un récit percutant certes mais surtout proche, qui vient nous parler tout près, jusqu’à nous envahir peu à peu de sentiments troublés et troublants, parfois contradictoires et toujours profondément touchants.

Ce récit, de quoi et de qui parle-t-il ? Une histoire d’amours ou deux histoires d’amour ? Seuls les secrets distillés, sans manière de suspens et en toute limpidité, nous le préciseront au fur et à mesure.

Paul rencontre Maria professeure de musique et mère de Danny, l’ami de Paul. Ils ne se connaissaient apparemment pas mais souffrent d’une absence commune. » 

Un texte magnifique dans sa forme et son contenu. Les répliques sont ciselées, les propos directs et la progression de l’intrigue ne se fourvoie dans des artifices de contours d’évitement ni de renoncement. L’argument est ancré dans la réalité contemporaine, dessinant les rôles d’attributs signifiants, sans exagération ni symbolisme métaphorique. Maria et Paul sont crédibles et offrent un magnifique couloir à la performance d’acteurs. L'écriture de Guilhem Clua évoque la caractérisation éthique et esthétique de la tradition théâtrale post franquiste, illustrée dans la « Movida », où le mouvement dramatique et scénique résolument novateur et anticonformiste s’exprime au travers d'histoires tissées façon patchwork de sentiments et de réalités entremêlées.

La mise en scène de Anne Bouvier met en vie la pièce dans une épure délicate et adroite, sans recours aux effets appuyés d’une dramatisation inutile, le texte et les jeux suffisent amplement. La tension est permanente et l'émotion très intime. L’ensemble est traité avec une simplicité qui relève d’un réalisme naturaliste efficace, conduisant aisément le fil narratif vers le répit manifeste de la résilience.

Quand bien même la douleur portée par les personnages est vive et flagrante, leurs propos déchirants, piqués de saillies parfois ironiques et de traits heureusement légers et drôles, Carmen Maura et Grégori Baquet incarnent Maria et Paul avec brio et puissance sans qu’on s’en aperçoive, tout en évidence. Les mouvements, les attitudes et les déplacements sont justes. Les regards portés et profonds. Les intonations sensibles et vraies. Elle et il sont littéralement époustouflants de sincérité, de chaleur et de vérité. Bravo et chapeau bas !

Une pièce haletante, une mise en scène réussie, une comédienne et un comédien incroyables d’intensité et de vérité. Un très beau temps de théâtre à voir absolument. Admirable !

 

Spectacle vu le 13 janvier 2022

Frédéric Perez

 

De Guillem Clua. Mise en scène de Anne Bouvier assistée par Émilie Chevrillon. Décors de Jean-Michel Adam. Lumières de Denis Korsansky.

Avec Carmen Maura et Grégori Baquet.

 

 

60 représentations exceptionnelles à partir du 11 janvier 2022

Du mardi au samedi à 21h00 et le dimanche à 15h00

78 bis boulevard des Batignolles, Paris 17ème

01.43.87.23.23 www.theatrehebertot.com

 

Photo © Guillaume Perret

Photo © Guillaume Perret

Photo © Guillaume Perret

Photo © Guillaume Perret

Photo © Guillaume Perret

Photo © Guillaume Perret

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