De l’irrévérence revendiquée à la désuétude sarcastique, ce trio suédøïque nous embarque dans un énorme délire en chansons, en postures et en situations löuføquissimes. L’absurde et la dérision habillent ce récital déjanté d’apprêts musicaux, chantés et joués avec une aisance désabusée et complice.
« French touch, guimauve, variétoche, java-musette, aucun classique ne résiste à leur suéditude passionnée mais corrosive. Nous sommes convié.e.s au repas de noce de Magnus et Gwendoline. C'est tout naturellement que ce suédois et cette française se sont tourné.e.s vers les Blond and Blond and Blond pour célébrer leur union. »
Je préviens ! Avec ce trio d’enfer, il y a un risque… Il peut mettre le feu dans la salle sans coup férir, le public chaud bouillant par moments ne se retient plus. Ça se lâche et se relâche à tout va ! Même un petit « Kåkååå de bien » n’y retrouverait plus sa Kårlå !
Les rires fusent, les fous rires éclatent, le public est cueilli et ravi par les élucubrations de ces trublions clownesques qui n’en finissent pas de surprendre dans ce tour de chant improbable et irrésistible.
Leurs chansons portent au zénith le détournement ironique avec une candeur fourbe qui désarçonne. Elles et il jouent d’une simplicité évidente, l’air de ne pas y toucher, au charme fou d’une cisaille qui claque innocemment et n’épargne rien. La culture française, ses us et coutumes en passant par le patrimoine populaire de la chanson de variétés, est passée au tamis bløöóndesque.
Et ce n’est pas que bêtement drôle, loin de là, nous pouvons saluer sans retenue cette audace d’oser venir tâter nos consciences, espérant aiguiser ou titiller notre esprit-critique. Il y a aussi du rire de dénonciation dans tous ces déclenchements qu’on ne voit pas venir. Même, et c’est tant mieux, si le plaisir de fêter le mariage de Magnus et Gwendoline nous remplit de jöùie avant tout et nous fait bien märrëer !
La mise en scène de Jean-Claude Cotillard apporte une fluidité efficace et donne une ampleur spectaculaire par les nombreux effets de ruptures, les poses mimées ou pantomimées et une mise en place équilibrée, variant les médias, le tout calé au cordeau. Un travail soigné derrière cette désinvolture apparente savamment jouée.
Une farandole de délices branquignolés, impeccablement interprétés dans un spectacle où le délire est poussé à la puissance maximale. D’une drôlerie délicieuse et d’une fallacieuse apparente gentillesse vacharde et cynique. Un gros moment de plaisir. Le rire est au rendez-vous. Frøöónchement ? Allez-y sans hésiter !
Spectacle vu le 15 février 2022
Frédéric Perez
Mise en scène de Jean-Claude Cotillard. Création costume de Sarah Dupont. Création lumière de Dominique Peurois. Création son de Michaël Houssier.
Interprétation : Chant, ukulélé, clavier, kazoo et flûte de pan par Glär. Chant et contrebasse par Mår. Chant et guitare par Tø.