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Dérisions et décalages a volo, ce spectacle est un pastiche réussi en mode majeur qui réunit de jolis talents de jeux et de chants. Une parodie d'opérette qui joue avec ses propres codes, dérapant volontiers dans le grandiloquent et le grotesque pour gagner par moment des sommets de burlesque.

« Un faux film retransmet la cinq millième représentation d’une fausse opérette, médiocre mais au succès fulgurant. Entre les actes, le public assiste à des interviews, des archives et des moments volés dans les coulisses d’une tournée interminable où chacun·e tente à sa manière de briser la routine. Jubilatoire et malicieux, ce spectacle aborde l’une des préoccupations les plus inavouables pour un artiste : comment continuer à susciter le plaisir lorsque l’on est soi-même gagné par la lassitude ? »

Les codes de l’opérette (comédie vaudevillesque, chants à pleine voix mélodieux et parties dansées favorisant les effets d’ensemble) se confondent aux ingrédients de la parodie (contrefaçon effrontée, pastiche moqueur et singerie du moindre aspect sérieux).

L’argument serait trop sérieux s’il ne faisait pas rire par de nombreux flagrants délits de situations déjantées poussées à l’extrême. Car il s’agit bien de la vie d’une troupe de saltimbanques au succès incertain confrontée à l’obligation jouer encore et toujours la même opérette minable. 5000 fois qu’ils s’y collent, les malheureux ! ou les bienheureux peut-être ?

C’est le fichu paradoxe d’une telle équipée qui travaille malgré tout, encore une fois comme à chaque fois, et dont le plaisir se délite au fil du temps au risque de renforcer les fantasmes d’artistes qui rêvent d’échappées meilleures vers d’autres ailleurs. Un paradoxe qui renvoie sans doute à l’identitaire et l'existentiel mais qui ne sera pas développé ici, le librettiste n’ayant pas voulu apparemment sombrer dans une imitation vaine et grossière de Sartre. Et c’est tant mieux !

Le ton est donné dès le début et ne désempare pas. Tout est fait pour de bonnes et de belles tranches de rire. La bonne humeur règne sur le plateau comme dans la salle mais personne n'est dupe, les artistes comme les spectateurs, de cette avalanche de loupés-ratés, de quiproquos arrangés et de dedans-dehors désopilants.

Parodie d’opérette peut-être mais la distribution ne nous prive pas de talent. Davide Autieri, Julie Cavalli, Leana Durney, Julien Héteau, Rémi Ortega et Adrien Polycarpe (au piano) nous offrent un superbe moment pêchu et agréable. Les voix chantées sont belles, toniques et légères comme il se doit pour ce type de partition. Les jeux sont justes et enjoués.

Un spectacle qui sème sa sympathie et sa bonne humeur communicative tout le long. C’est drôle et bien fait, du bon plaisir de théâtre musical. À voir sans hésiter.

 

Spectacle vu le 3 mars 2022

Frédéric Perez

 

Spectacle conçu par Leana Durney et Davide Autieri. Musique de Blaise Ubaldini. Livret et mise en scène de Robert Sandoz. Direction musicale de Nicolas Farine. Scénographie et costumes de Anne-Laure Futin. Lumières de Faustine Brenier. Décor de Gabriel Dollat.

Avec Davide Autieri, Julie Cavalli, Leana Durney, Julien Héteau, Rémi Ortega et Adrien Polycarpe ou Florent Lattuga en alternance.

 

 

Du mercredi au dimanche - horaires sur le site du théâtre

(relâche les 16 et 17 mars)

53 rue des Saules, Paris 18ème

01.42.23.88.83  www.theatre-funambule.com

 

Photos © L. von Sibenthal et Rémy Brahier

Photos © L. von Sibenthal et Rémy Brahier

Photos © L. von Sibenthal et Rémy Brahier

Photos © L. von Sibenthal et Rémy Brahier

Photos © L. von Sibenthal et Rémy Brahier

Photos © L. von Sibenthal et Rémy Brahier

Photos © L. von Sibenthal et Rémy Brahier

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