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Une histoire de vie hors normes que celle de Cathy, prostituée à Pigalle de 21 à 79 ans. L’histoire d’une femme meurtrie par l’abandon parental dès la petite enfance et qui a relevé le défi de survivre.

A-t-elle chercher à combler le vide d’affection creusé par l’enfance en le sublimant par cette activité qui se joue de d’amour comme on joue à s’aimer ? Illusion nourrie ou échappée belle ? Peu importe, elle a survécu ainsi, elle s’est construite aussi. Entre compromissions, échecs et victoires. Luttant contre la vie prescrite par d’autres et pour la vie qu’elle a choisie. Toute en force et surtout en élégance.

« Après avoir rencontré le loup trop jeune, Cathy tombe dans la prostitution. Vêtue de son manteau rouge, elle arpentera, soixante ans durant, le trottoir de la rue Pigalle où Florence Hebbelynck la croise et découvre son histoire. Et c’est au travers des mots de Cathy repris sur un magnétophone, de l’incarnation des souvenirs et des allers-retours entre les existences d’une prostituée et d’une actrice, qu’émerge le projet d’un spectacle. »

Cathy que Florence a rencontré. Cathy qui lui a parlé. Florence qui reconstitue aujourd’hui des brides de conversations et qui raconte. Un beau cheminement que ce témoignage ainsi partagé. Comme un hommage, une reconnaissance, un rappel de souvenirs. L’intérêt de la découverte file tout le long du récit recomposé, le rendant prégnant.

Un spectacle où le recueil de paroles est passé au tamis de la fiction, teintée d’une poésie discrète et d’une douceur affable. Sans doute grâce à cette distance mise entre la réalité et l’illusion que le théâtre sait si bien faire pour surprendre quand il s’empare avec réussite, ce qui est le cas ici, d’une histoire de vie, de faits, réels ou peut-être.

Le magnifique travail d’écriture réalisé par Florence Hebbelynck assistée pour la dramaturgie par Fabrice Dupuy offre une figure exemplaire de narration complexe au parti-pris audacieux par lequel documentaire dévoilé et histoire contée s’entrelacent pour nous captiver d’une puissante évocation.

La mise en scène de Stéphane Arcas et le travail sur le corps de Maéva Lambert donnent à la pièce une fluidité lascive qui permet de glisser sur le passage du temps, les anecdotes significatives et les gros plans marquants, avec une légèreté simple qui instille tout le long une chaleur humaine aux propos, aux regards, aux échanges dits ou silencieux. Impressions renforcées et accompagnées par les lumières seyantes de Xavier Lauwers et la musique de Steph Van Uytvanck.

Florence Hebbelynck et Nicolas Luçon jouent d’excellence. Elle et il campent plusieurs personnages avec nuance et efficacité. Crédible et convaincante, l’interprétation est remarquable.

Un récit d’un vif intérêt. Un spectacle étonnant par sa narration subtile, sa mise en vie et son interprétation réussies. À voir sans hésiter.

 

Spectacle vu le 30 août 2022

Frédéric Perez

 

De Florence Hebbelynck. Mise en scène : Stéphane Arcas. Conseiller dramaturgique : Fabrice Dupuy. Création musicale : Steph Van Uytvanck. Travail sur le corps : Maéva Lambert. Création lumière : Xavier Lauwers.

Avec Florence Hebbelynck et Nicolas Luçon.

 

 

Les lundis et mardis à 21h00 et les dimanches à 20h00

7 rue Véron Paris 18ème

01.42.3342.03 www.manufacturedesabbesses.com

 

Photo © Estelle Rullier

Photo © Estelle Rullier

Photo © Estelle Rullier

Photo © Estelle Rullier

Photo © Estelle Rullier

Photo © Estelle Rullier

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Photo © Estelle Rullier

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