François Rivière a le chic pour écrire des pièces au goût de thriller et aux atours de polar. Une nouvelle fois, après « Coup de sifflet » que nous avions vue et appréciée ici-même, nous voici plongés dans cet univers singulier du théâtre de l’illusion où la fiction et le réel jonglent et rivalisent pour nous faire arpenter les couloirs labyrinthiques jalonnés de vrais et de faux. Un théâtre dans lequel ce jeune auteur excelle assurément.
« Arthur et Louise, un jeune couple d’acteurs en vogue, ont rendez-vous dans une salle de casting pour signer les contrats de leur prochain long-métrage. Pensant être là pour une simple formalité, Arthur s’aperçoit qu’il est au cœur d’une machination cruelle visant à lui faire revivre la journée qui a changé à jamais le reste de sa vie. »
Insidieusement le flou s’installe, le doute s’instille et l’histoire bascule. Ça ripe mais il y a doute. Qui est qui, où sommes-nous ? Nous nous sentons piégés. Et si la tromperie était ici un leurre pour agacer la compréhension ? Tout le long et jusqu’au bout, les rebonds dramaturgiques entretiennent les sensations de trouble et cette impression de s’approcher tout près de l’abyme pour peut-être s’y pencher et comprendre enfin, ou pas.
La construction du texte est adroitement composée. Sa structuration dépeint l’argument dans un naturalisme réaliste qui voisine avec une forme de surréalisme dénué d’absurde délibérément ancré dans la vraissemblance des personnages et des situations.
La mise en scène est centrée sur le texte et n’ajoute pas d’effets. La direction de jeux permet de faire ressortir les nuances des évolutions à l’œuvre tant chez les protagonistes que dans les actions.
Fichtrement bien fichu, le texte offre des rôles bien campés. La distribution s’en empare avec adresse et conviction. Nicolas Argudin-Clavero, Roxane Fomberteau et Maxime Peyron servent la progression de leurs personnages dans une forme de « crescendo non cantabile », simplement déliée et parfois teintée d’un cynique bienvenu. Elle et ils savent rendre fluide et crédible l’interprétation.
Une pièce à l’intrigue subtile et aux rebondissements astucieux. Une mise en vie et une interprétation réussies. Un spectacle agréable, à voir sans hésiter.
Spectacle vu le 20 octobre 2022
Frédéric Perez
De François Rivière. Mise en scène de l’auteur assisté de Maxime Peyron. Scénographie de Agathe Mondani.
Avec Nicolas Argudin-Clavero, Roxane Fomberteau et Maxime Peyron.
Les jeudis de novembre à 19h00
15 rue du Maine, Paris Xème 14
01.43.27.88.61 www.guichetmontparnasse.com