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Une magnifique performance de comédiens dans une partition très drôle et sans doute pas si simple à jouer. Mathilda May nous offre un nouveau voyage dans son univers burlesque et onirique où les gags, les situations surprenantes et les instants suspendus se succèdent, s'entrechoquent et s'entrelacent.

Un spectacle qui regorge de plaisirs au plateau et qui traversent la salle. Les rires fusent souvent et on imagine aisément les sourires illuminant les visages. Car on s’attend à tout, comme des enfants que nous sommes toujours lorsqu’ils écoutent une histoire. Et tout arrive sans que l’on s’en rende vraiment compte, ou si peu. Nous ne sommes pas dupes, nous sommes complices et nous nous laissons portés volontiers par ce flux drolatique dans lequel la poésie du clown ne tarde jamais à venir se poser. C’est fichument bien fait.

« Le car-loge maquillage/coiffure où techniciens et comédiens préparent les instants (souvent furtifs) d’un tournage est à la fois un sas de concentration et une cellule de crise en état d’urgence, ce qui n’est pas du tout compatible. Derrière cette chronique « ordinaire » d’une journée de tournage, se cachent des émotions fortes et contradictoires. Le privilège de faire un métier qu’on aime et sa précarité ! les rêves et les frustrations. Un doux mélange de chaos et d’espérance ! »

L'attention du spectateur est stimulée tout au long de ce fil narratif incongru fait de catastrophes matérielles, de relations interhumaines explosives ou tendues qui peuvent montrer tout à coup des signes de tendresse et d’affection. Notre imagination fait le liant et se débrouille de cet imaginaire détonant qui nous est proposé. L’impossible n’est plus, le probable règne. À nous de les distinguer et de nous les faire nôtres.

La mise en scène de Mathilda May assistée par Éric Supply est d’une précision qui relève de l’orfèvrerie. Calée au cordeau, la mise en vie prend les atours d’une chorégraphie singulière dans le registre du théâtre visuel et sonore. Nuances des allures et des couleurs des corps en mouvement, tonicité et exactitude des mises en place, situations rythmées et différenciées aux effets impeccables.

Tout en fluidité et évidence, le langage est composé de gromelots (sans traduction simultanée ni langue des signes, m’enfin !), de scènes jouées, de tableaux vivants, de pantomimes et de bruitages. C’est ficelé façon grandiose pour un résultat succulent comme une gourmandise.

Le soin des éléments scéniques conforte la qualité artistique. Le décor de Emmanuelle Roy, les lumières de Laurent Béal, les costumes de Valérie Adda, le son de Guillaume Duguet et la musique de Sly Johnson, tout vraiment tout contribue à une esthétique d’ensemble efficace et agréable.

Il reste à la troupe (car la complémentarité est telle que le terme convient ici tout à fait) de s’emparer de ce cadre et de proposer une interprétation qui lui soit digne. Elles et ils ne s’en privent pas ! Arnaud Maillard, Marc Maurille, Patrick Mazet, Yannik Mazzilli, Dédeine Volk-Leonovitch et Anouk Viale sont brillants tout simplement. Ils jouent littéralement dans tous les sens du mot, c’est un véritable plaisir de les voir à l’œuvre.

Un spectacle original et désopilant que ce nouvel opus de Mathilda May. Une interprétation impressionnante qui nous cueille et nous ravit. Je recommande vivement ce moment bonheur et réjouissant !

 

Spectacle vu le 25 octobre 2022

Frédéric Perez

 

De Mathilda May assistée pour la mise en scène par Éric Supply. Décor de Emmanuelle Roy. Lumières de Laurent Béal. Costumes de Valérie Adda. Son de Guillaume Duguet. Musique de Sly Johnson.

Avec Arnaud Maillard, Marc Maurille, Patrick Mazet, Yannik Mazzilli, Dédeine Volk-Leonovitch et Anouk Viale.

 

 

Du mardi au samedi à 21h00 et le dimanche à 15h00

Carré Marigny, Paris 8ème

01.86.47.72.77  www.theatremarigny.fr

 

Photo © Maria Letizia Piantoni

Photo © Maria Letizia Piantoni

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