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Une fiction aux allures d’uchronie documentée qui retrace la relation entre les deux créateurs du groupe mythique et qui nous emporte dans son hypothèse fantasmagorique un peu folle à laquelle les fans des Beatles, dont je suis, vont se prendre à rêver.

« Et si John Lennon et Paul McCartney, les deux légendes des Beatles s’étaient enfin retrouvés un matin de novembre 1980, 11 jours avant la mort de John… ? »

Un récit inattendu qui attise la curiosité et enflamme les souvenirs, baigné de références, nombreuses et volubiles, trop peut-être pour les novices mais certainement savoureuses pour les autres. Extraits musicaux, vidéos et jeux composent un ensemble narratif cohérent et captivant.

Paul vient rendre visite à John, une idée en tête, des sentiments plein les poches et des espoirs dans les yeux. Imagine John que tout n’est pas fini, imagine John !

« Tu peux dire que je suis un rêveur
Mais je ne suis pas le seul
Imagine aucune possession
Je me demande si tu peux »
 (« Imagine », Lennon et Ono, 1971)

La surprenante proposition de Paul fait remonter le temps et permet d’entendre les mélodies célèbres en faisant resurgir des reproches comme autant de comptes à régler qui ne l’ont pas été ou qui n’ont pas lieu de l’être. On a tant dit et inventé sur la relation entre ceux deux-là.  Comment distinguer le vrai du faux ? Comment enfouir les buzz ragotiques dans la rancœur des frustrés en quête de romances pour apaiser leur manque ?

« Voilà aujourd'hui vingt ans
Que Sgt. Pepper apprit à jouer au groupe
Ils sont plus ou moins à la mode
Mais avec eux, on est sûr de ne pas s'ennuyer »
(« Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band », Mccartney, 1967)

On le voit bien, le spectacle ne se prive pas de le montrer, amitié, jalousie et émulation nourrissent les ingrédients de cette entente créative qui a fini par s’évanouir, laissant l’un sans l’autre, ballotés sans doute entre le désir d’émancipation et le sentiment d’abandon.

« Car, bien qu'ils peuvent être séparés il y a
Encore une chance que l'on verra
Il y aura une réponse, ainsi soit-il.
Chuchote des paroles de sagesse, ainsi soit-il ! »
(« Let it be », Mccartney, 1970)

L’écriture de Germain Récamier se fait précise et instruite sur le plan historique, onirique et piquante sur celui de la narration. Il y a de l’hommage et de la révérence dans cette pièce, une envie incongrue et communicative de poursuivre le rêve au réveil d’un matin sans lendemain. Paroles réalistes au ton d’aujourd’hui et choix d’extraits de musiques légendaires aux parfums d’hier. De la nostalgie peut-être, du plaisir c’est certain.

Camille Broquet signe une mise en scène sobre, à la sérénité feinte qui cache mais laisse entrevoir toutefois, les tensions et les hésitations, les remords et les envies, les affres d’une amitié concurrente dont le feu affectif couve encore. Les comédiens n’ont plus qu’à prendre place pour nous entreprendre.

Zuriel de Peslouan et Régis Lionti incarnent avec vigueur et nuances ces deux personnages emblématiques sans jamais sombrer dans une quelconque imitation. Véritablement crédibles, ils sont John et Paul. Etonnantes et convaincantes prestations qui nous ravissent.

Un spectacle au charme fou où la tendresse n’est jamais loin. Un récit teinté d’émotion qui nous raconte une joute imaginaire des deux créateurs des Beatles, où l’affrontement et l’admiration se conjuguent en permanence. Écrit avec une chaleur prégnante, mis en vie avec une sensibilité touchante et formidablement interprété. Je préviens, fort risque d’écoute des albums en rentrant chez soi… ou pas mais je tiens le pari. À découvrir sans aucun doute.

 

Spectacle vu le 30 décembre 2022

Frédéric Perez

 

De Germain Récamier. Mise en scène de Camille Broquet.
Avec Zuriel de Peslouan et Régis Lionti.

 

Les vendredis et samedis à 19h30

6 rue de la Folie Méricourt, Paris 11ème

01.43.55.14.81  www.folietheatre.com

 

Photo © DR

Photo © DR

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