Voici un polar théâtral à l’esthétique soignée, à l’image des films noirs de l’après-guerre, tout en élégance et en tension, et jouant sur des impressions distillées progressivement.
« Paris, fin des années 40. Paul Weylberg, célèbre mécène, collectionneur d’art et séducteur invétéré, est mystérieusement assassiné. L’artiste peintre Noël Martin et sa femme Belle, sont amis de la victime. Noël, mari jaloux, semble particulièrement nerveux à l’annonce du meurtre. Il soupçonne Belle, si coquette, si jolie et si courtisée de lui mentir sur la nature de ses relations avec feu Paul Weylberg. L’arrivée, puis l’omniprésence du Commissaire Maria, chargé de l’enquête, sème le trouble dans le ménage Martin, et pousse Noël dans un état d’anxiété toujours plus intense…»
Nous passons en revue les indices découverts grâce à un découpage savamment construit, ponctué par des noirs laissant voir une phrase en fronton pour annoncer la suite de la série de scènes jouées à la façon de plans-séquence cinématographiques. L’enchainement des épreuves subies par les protagonistes nous enferme avec eux dans un huis clos mystérieux et complexe, aux charmes désuets d’un divertissement policier tout en noir et blanc, ou presque.
C’est un sympathique divertissement particulièrement bien façonné. Du décor habile de Camille Vallat aux costumes superbes de Virginie H. en passant par les jeux de lumière de Denis Koransky et l’ambiance sonore de Thomas Fourel, l’ensemble compose une beauté formelle particulièrement efficace et bienvenue pour laisser le plateau à une troupe en verve et convaincante, mise en scène avec une précision ciselée par Raphaëlle Lémann. Les artistes nous embarquent dès le début et attisent notre curiosité jusqu’au bout. Raphaëlle Lémann, François Nambot, Malvina Morisseau, Bertrand Mounier et Philippe Perrussel rivalisent de finesses, d’éclats et de truculences dans leurs jeux.
Une énigme policière qui tient en haleine jusqu’à sa fin. Bien malin qui trouvera avant qui est coupable (quoique j’avoue l’avoir su dès le début mais je me suis tu je vous rassure et ce, bien que mes voisins Y. et M. n’aient cessé de me harceler). Un agréable moment de théâtre de plaisir. Bien ficelé et surtout très bien joué.
Spectacle vu le 13 février 2023
Frédéric Perez
De Stanislas-André Steeman. Mise en scène de Raphaëlle Lémann. Décor de Camille Vallat. Costumes de Virginie H. Lumière de Denis Koransky. Création sonore de Thomas Fourel.
Avec Raphaëlle Lémann, François Nambot, Malvina Morisseau, Bertrand Mounier et Philippe Perrussel.
Du mardi au samedi à 19h00 et le dimanche à 17h00
31 rue de la Gaîté, Paris 14ème
01.43.22.77.74 www.theatremontparnasse.com