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Comme d’habitude, c’est un vif plaisir de se retrouver dans un univers décrit par Martin Crimp, ici merveilleusement mis en vie. Cette pièce de théâtre écrite en 1997 par le célèbre dramaturge britannique contemporain, issu du mouvement "In yer face", est une pièce qui traverse les thèmes toujours actuels de notre place et notre statut dans la société de consommation et de sa violence médiatisée. 

 

« Dix-sept scènes, dix-sept tentatives de cerner une personne insaisissable : en dépit de son identité plurielle – Anne, Anny, Annie, Anya –, jamais on ne la voit. Fille sans histoire, voyageuse, terroriste ou star de films X, elle arbore les multiples masques du monde contemporain. Ce portrait à multiples facettes tend la radiographie ironique d’une société ravagée par l’anonymat et la solitude. »

 

Par sa composition de 17 scènes distinctes, cette œuvre expérimentale trouble les conventions théâtrales traditionnelles. Au lieu d'une histoire linéaire et d'un ensemble de personnages clairement définis, la pièce présente une série de fragments, de monologues et de dialogues qui explorent différentes facettes plutôt glauques voire trash de la vie moderne et de la société contemporaine. Une franche et cynique peinture des contractions et des contradictions de notre monde globalisé, de ses effets et de ses atteintes à l’identité. 

 

La mise en scène épurée de Sébastien Piron, sans effets ajoutés, laisse le texte nous atteindre et nous surprendre. Notons l'habileté des créations lumière et musique de Sébum qui accompagnent parfaitement les situations. La direction de jeux conduit les personnages vers des expressions simples, parfois antinomiques avec le sens du texte, ce qui en souligne la volonté de faire mouche en sublimant sa violence.

 

Il faut voir et entendre les comédiens exprimer des horreurs sans appui, avec une sérénité quasi diabolique, le sourire aux lèvres, ou au contraire sombrer dans une colère emphatique au bord du délire. Avec une puissance de jeu manifeste et une harmonie entre eux superbe, Bertrand BeillotPaul CamusThéodora Carla et Laetitia Mazzoleni, (et la voix de Élodie Bétend) sont précis, pêchus, totalement crédibles et convaincants. Tout ce qu'il faut pour un Crimp de bon cru !

 

Un spectacle piquant et déroutant comme on aime. Une théâtralité aboutie pour un texte curieux et prenant, superbement joué. Je conseille vivement de découvrir ou retrouver ce théâtre radical avec cet opus excellent ! 
 

Spectacle vu le 17 juillet 2023, 

Frédéric Perez 

 
 

De Martin Crimp. Traduction de Christophe Pellet avec la collaboration de Michelle Pellet. Mise en scène de Sébastien Piron. Création lumière et musique de Sebum.

 

Avec Bertrand BeillotPaul CamusThéodora Carla et Laetitia Mazzoleni, et la voix de Élodie Bétend. 

 

 

12h20 - relâche les mercredis 

 

Photos © Delphine Michelangeli
Photos © Delphine Michelangeli
Photos © Delphine Michelangeli
Photos © Delphine Michelangeli
Photos © Delphine Michelangeli

Photos © Delphine Michelangeli

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