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Un spectacle original où le burlesque côtoie le drame.
« Dans sa maison de retraite, Granny a été retrouvée morte, la tête dans le frigo. Bim ! Mourir la tête dans le frigo franchement, a-t-on idée ! Sa fille, ses deux petites-filles et leur cousine se retrouvent pour organiser les funérailles. Un noyau féminin explosif qui va faire fondre la glace des non-dits, de la langue de bois et du politiquement correct. »
Et voici que le deuil prend les atours de la dérision comme pour faire moins mal et fait éclater en l'éparpillant façon puzzle la douleur du chagrin en rancœurs piquantes. Surviennent alors des révélations avérées ou sublimées, en forme de craquages, qui percutent le fragile équilibre de ce recueillement perturbé.
Surpris par moments, amusés souvent et presque émus parfois, nous traversons les questions en vadrouille sous-tendues par cette famille qui se lâche.
Que deviennent les liens familiaux sensés unir quand la figure matriarcale ou patriarcale disparait ? Les liens se relieront-ils pour supporter l’absence ? La quête de résilience peut-elle se nourrir de renoncements ou doit-elle faire expliciter les non-dits ?
L'écriture singulière de Julie Dacquin fait jaillir par à-coup des tableaux qui se succèdent sans fondu-enchainé et qui donnent à l’ensemble une impression de sketches qui se suivent. Une écriture qui rend plus complexe la perception d’une théâtralité de la narration et ne facilite sans doute pas l'interprétation et la fluidité des jeux.
La structure dramaturgique mêle des plans superposés dans l'exposition des situations dans une sorte de jonglerie à quatre personnages. Nous sommes ballotés entre le passé et le présent, le fantasme et la réalité, le délire jusqu'au-boutiste et les traversées du quatrième mur. Le texte prévaut. Les échanges entre les membres de cette parentèle prennent toute la place laissant aux situations les portions nécessaires pour situer leur contexte.
La mise en scène de Isabelle Paternotte accompagne avec simplicité les flux du texte centrant l’attention sur les comédiennes Julie Dacquin, Alexia Depicker, Jo Deseure et Laure Godisiabois qui s’emparent de cette pièce avec enthousiasme et engagement. L’utilisation répétée du déplacement de trois praticables entre les scènes renforce en l’illustrant l’impression de hachage de la narration en la colorant de touches successives.
Ce spectacle est l’un des cinq spectacles proposés cette semaine au Tristan Bernard par le « Théâtre Le Public » de Bruxelles. Un spectacle différent chaque jour jusqu’au 29 juin.
Spectacle vu le 26 juin 2024
Frédéric Perez
De Julie Dacquin. Mise en scène de Isabelle Paternotte assistée par Sophie Jallet. Scénographie de Catherine Cosme. Costumes de Chandra Vellut. Lumière de Laurent Kaye. Création sonore de Sébastien Fernandez.
Avec Julie Dacquin, Alexia Depicker, Jo Deseure et Laure Godisiabois.