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Sauver le monde pour conjurer la peur de la fin du monde, rien moins ! C'est le let-motif de l'argument de cette pièce drôlissime, aux messages lourds de sens, portés aux couleurs de la dérision rageuse, de l'humour audacieux et parodique, et de la volonté de provoquer cynique et nihiliste à souhait.

« L’état du monde pèse lourd sur Jeanne et Olivier. Elle vandalise des pubs ; il rêve qu’on brûle sa génération comme une guimauve. Voilà qu’une élection scolaire est organisée dans le cadre de la (honteusement sous-financée) Semaine du futur. Catalysés par l’espoir qu’ils pourront changer les choses, tous deux s’affrontent dans une campagne électorale menée tambour battant. »

Un spectacle qui ne sombre pas dans la norme pour s'étouffer dans le respect de la convention et empêcher les rêves d'espoir d'un monde meilleur qui doivent réussir à bannir les cauchemars de la résignation.

La langue accentuée de ce quatuor d'artistes québécois n'est pas sans nous séduire et augmente sans aucun doute l'attrait de l'écoute et de l'attention dans ce qui est par dessus-tout un spectacle iconoclaste, terriblement farfelu et horriblement intelligent.

Le texte de David Paquet ne s'embourbe pas dans les alambics et n'y va pas par quatre chemins pour exposer, scènes délirantes à l'appui, les angoisses des jeunes générations sur le devenir de la planète et sur ce qu'il adviendra de leurs avenirs. Est-ce un hasard cette scénographie "moins-écolo-que-ça-tu-meurs" ? Vous n'avez aucune preuve. Il n'empêche, j'ai vu ce plastique tout partout et cette appétence des personnages "négatifs" à produire moult déchets, alors hein...

Les punchlines débridées, le comique de répétition, les effets d'emphase et les postures grotesques et clownesques se succèdent a volo et à bon escient. Avec à leurs côtés des moments suspendus où la force du message devient émouvante et vient nous percuter frontalement.

La mise en scène de Philippe Cyr a été travaillée au métronome, autrement c'est pas possible. Tellement l'ensemble est rythmé, vient à point nommé. Le tout est calé au cordeau comme on dit. C'est vif, c'est beau et c'est spectaculaire avec des morceaux d'émotion dedans.

La distribution est détonante. Une forte empathie se dégage des personnages. Même ceux qui sont sensés nous déplaire, on les aime, c'est vous dire ! Nathalie Claude campe plusieurs personnages avec une finesse redoutablement avenante et efficace. Gaétan Nadeau se fait force et fragilité sans qu'on n'y voit rien venir et ça dépote. Elisabeth Smith donne à Jeanne la colère, la volonté et la sensibilité avec des nuances impressionnantes. Gabriel Szabo n'est pas en reste, il incarne Olivier avec une intensité et une sincérité formidables (le monologue final est exemplaire).

Un spectacle inattendu qui devient une bonne surprise, une mise en vie superbe et une interprétation véritablement remarquable. Courez-y !

Spectacle vu le 8 juillet 2024

Frédéric Perez

Texte de David Paquet. Mise en scène de Philippe Cyr. Codirection artistique de Mario Borges et Joachim Tanguay. Scénographie de Odile Gamache. Lumières de Cédric Delorme-Bouchard. Son de Christophe Lamarche. Costumes de Etienne René-Contant.

Avec Nathalie Claude, Gaétan Nadeau, Elisabeth Smith et Gabriel Szado.

 

Photos © DR
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