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Ce drame comique nous emporte dans ses épopées et nous dépose devant sa fin en nous faisant traverser des univers détonants, entre féerie du désespoir et magie de l'espérance.
« La famille Clapier est contrainte de vivre au cœur d’une fête foraine dans une roulotte. Alice, la mère tente de toutes ses forces d'échapper à sa "tâche noire" et à ses regrets du passé. Bernard, le père est un optimiste pathologique et Mathilde, la fille adolescente, en quête d’identité, rêve de devenir une tueuse en série. »
Le texte de Filippo Capparella, cru et excentrique, aux nombreuses expressions expulsées, raconte le récit de cette histoire familiale sur fond de crise identitaire de la fille adolescente. Un récit troublé et troublant qui fait baigner les situations dans la colère de la frustration et la souffrance de la privation.
La mise en scène de Filippo Capparella et Saskia Simonet démontre une ingéniosité soignée. Des scènes réalistes, souvent teintées de tensions ou de violences, alternent avec des scènes oniriques, plaçant la narration soit dans l'instant vivant, soit dans la pensée qui ne se dit pas ou le fantasme du désir de transformer un présent qui ne satisfait pas.
Traitées avec une dérision débridée et une évidente volonté de brouiller le cheminement linéaire du récit, les situations décalent souvent l'attention du regard et de l'écoute du public et convoquent son imaginaire et sa sensibilité. Il nous faut plonger dans cette mêlée succulente et savante où se côtoient naturalisme, burlesque, pantomimes, voix amplifiées, gags, comique de répétition et non-dits, avec des touches de tendresse posées ici ou là.
Le rythme vivace, quasi accéléré, laisse place peu à peu à une narration de plus en plus lente et retranchée comme pour nous préparer à la conclusion qui reprend toutefois le flambeau de l'illusion comique puisque, quelle qu'elle soit devenue, même les personnages rechignent à l'accepter.
Les personnages sont incarnés avec délicatesse et puissance de jeux. Martin Durrmann (Bernard), Audrey Launaz (Alice) et Saskia Simonet (Mathilde) sont tout simplement brillants de justesse, d'énergie et de sensibilité.
Un spectacle drôle mais pas que. Un texte étonnant finement élaboré et une mise en vie remarquable. Je conseille !
Spectacle vu le 5 juillet 2024
Frédéric Perez
Texte de Filippo Capparella, d'après une idée originale de Filippo Capparella et Saskia Simonet. Mise en scène de Filippo Capparella et Saskia Simonet. Œil extérieur de Céline Rey. Traduction de Patrice Bussy et Saskia Simonet. Création lumière de Emile Schaer. Scénographie de Sylvia Faleni et Alexis Thiémard. Création musicale de Davide Rossi.
Avec Martin Durrmann, Audrey Launaz et Saskia Simonet.