Une comédie romantique qui captive aussitôt et devient une histoire à tiroirs. Sans jamais sombrer dans le sentimentalisme et surfant sur les codes langagiers d'aujourd'hui, ce texte adroit et drôle est servi par un formidable duo de comédiens en verve.
« Au bout de combien de temps peut-on raisonnablement estimer que l’on n’entendra plus jamais parler d’une histoire ? Leandro aurait voulu apporter une réponse à cette interrogation quand Fleur, qu’il n’a connue que bébé, débarque dans son salon. La jeune fille désormais adolescente et surtout armée de questions brûlantes est prête à tout pour enfin découvrir qui était sa mère, pourquoi elle ne l’a jamais connue, et pourquoi l’on a toujours refusé de lui en parler. Au bout de combien de temps peut-on raisonnablement rompre un serment ? »
Ariane, ses filles Salomé et Fleur mais aussi Joseph, Leandro et Alexis sont les protagonistes de ce récit familial complexe et labyrinthique dont l'histoire pourrait s'appeler également "Les jeux de l'amour et de l'amitié", interrogeant en filigrane le don de soi dans les choix de vie.
La narration prend les allures d'une valse de souvenirs charriant au fil des scènes son lot de rebondissements. Renoncements et privations, retranchements et tentatives de retrouvailles nourrissent cette quête de vérité et d'apaisement.
Le texte de Martin Kindermans délivre tout le long de son avancée la progression des énoncés, des retenues et des dévoilements, avec un soin teinté d'émotion.
La mise en scène de l'auteur installe posément les situations en maniant judicieusement les silences. Le rythme alerte donné à l'ensemble des scènes valorise l'espièglerie et la légèreté des propos et évite ostensiblement de glisser vers le drame, quand bien même ce que vivent les personnages pourrait les y conduire. Tout en fluidité, le dispositif discursif de la pièce est proche du théâtre de tréteaux. La scénographie utilise une mécanique simple avec des changements d'accessoires à vue.
Les jeux sont calés, farandole de personnages joués oblige. Valentine Daruty et Thomas De Fouchecour s'en emparent avec une remarquable incarnation.
Un texte particulièrement bien ficelé, une mise en vie agréable et surprenante, une interprétation de qualité. Un joli spectacle à voir sans aucun doute.
Spectacle vu le 10 juillet 2024
Frédéric Perez
Texte et mise en scène de Martin Kindermans. Musique de Evergreen Symphony Orchestra et Kevin Galie. Arrangement de Anna-Marie Holmes D’après Leon Minkus. Régie son et lumières de Baptiste Pilon. Scénographie et costumes de Martin Kindermans.
Avec Valentine Daruty et Thomas De Fouchecour.