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Un petit bijou de délire théâtral, chaleureux et déroutant, laissant flotter une impression d'ode au théâtre et un parfum d'empathie pour les gens. Un délire théâtral ingénieux qui alterne le burlesque avec le fantastique, le raisonnement avec l'onirique.

« Robert et sa femme ont vécu toute leur vie dans le même quartier. Le dîner est le seul moment où ils se parlent. La porte est toujours ouverte, tout le quartier passe à la maison. Un jour, leur cousin éloigné, directeur de théâtre, les invite à venir rencontrer le public. Robert et sa femme ne sont jamais allés au théâtre de leur vie. Et ils entrent sur scène. »

Qu'on se le dise, le quatrième mur ici tombe dès le début.

Une farandole de situations débridées de toute convention s'expose au public en l'exposant lui-même, sans qu'aucune intrusion dérangeante ne vienne empêcher l'agrément.

Au début, il y a cette gêne des deux personnages quand ils entrent sur scène, palpable et drôlissime, nous plaçant dans une zone d'incertitude. Puis leur gêne fait place au plaisir d'être là, au centre de toutes les attentions. Et tout à coup, ça dérape et part en vrille vers un univers qui devient irréel, loufoque ou fantasmagorique puis de nouveau réel puis... on ne sait pas, on ne sait plus. Un délice.

Nombreux sont les auteurs qui ont pris et prennent encore le théâtre pour objet de recherche dramaturgique ou simplement pour argument d'une pièce. François Cervantes y plonge et nous y fait plonger.

Le texte prend à témoin le public par des interpellations tissant une complicité ambiante consentie. Une forme de respect est établie. Un respect réciproque entre les personnages et les spectateurs. Cette mutualité non dite constitue un paradoxe intéressant, qui compte sans aucun doute dans l'attrait et le plaisir du spectacle. Une acceptation implicite s'instaure entre cette fiction dans la réalité et la probabilité de cette fiction.

L'absurde convoqué n'empêche pas d'y croire puisqu'on y est. D'autant que le réalisme de la narration dans laquelle est inscrit le public échappe par moments au naturalisme rationnel pour se nicher dans des situations clownesques ou fabuleuses. La richesse du récit est prégnante. 

Les interprètes sont superbes de conviction et d'engagement dans cette partition qui relève de la performance. Catherine Germain et Julien Cottereau campent Robert et sa femme avec un époustouflant abattage et une drôlerie irrésistible. Fanny Giraud, Lisa Kramarz et Stephan Pastor apportent au récit les étais nécessaires à la crédibilité du réalisme ou du merveilleux, avec une simplicité efficace qui fait mouche. Un remarquable travail de troupe.

Un spectacle surprenant voire déroutant, gorgé de sensations. Le public en sort ébahi et rempli de joie. Incontournable.

Spectacle vu le 5 juillet 2024

Frédéric Perez

 

Texte et mise en scène de François Cervantes. Création lumière Christian Pinaud assisté de Tamara Badreddine. Régie lumière Nicolas Fernandez. Création sonore, régie son et régie générale Xavier Brousse. Costumes et accessoires Virginie Breger.

Avec Julien Cottereau, Catherine Germain, Fanny Giraud, Lisa Kramarz et Stephan Pastor.

 

 

18h45 - relâche les mercredis

https://www.theatredeshalles.com/pieces/le-repas-des-gens/

 

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