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Un spectacle impressionnant. Une interprétation brillante. Un moment de théâtre où la tendresse et la passion s'allient pour venir nous toucher et nous émouvoir.

« C'est une plongée spectaculaire dans l’intimité dérangeante des pensées de Maupassant. L’accompagnement sensuel, physique, mental, voire animal d’une femme, Solange, nous fait basculer où seul l’amour indéfinissable entre deux êtres a sa place. La frontière entre réel et irréel se dissout dans un tourbillon amoureux de gestes et de ruptures. Une vision sensuelle et psychiatrique des derniers jours d’un homme simple, génie littéraire, amoureux des femmes et de la nature. »

Le spectacle montre un Maupassant meurtri et troublé, rongé de souffrances et plongé dans les abîmes de la déraison devenue folie. À l’image de l’œuvre considérable de l’écrivain, ce récit théâtral de Gérard Savoisien est baigné tout le long d'humanité et d'altérité. Une narration qui subjugue véritablement  tant elle est sublimée par son incarnation.

Sous les traits d'un Jean-Pierre Bouvier purement magnifique, Maupassant nous apparaît habité jusqu’au bout par ses désirs à l’appétit insatiable, vibrant d’une soif de vie incommensurable. Jean-Pierre Bouvier est impressionnant de vérité. Sa puissance de jeu est étourdissante. La palette de nuances des mouvements de la voix et du corps, les éclats de couleurs et de forces qui s'en dégagent, sidèrent et émeuvent. Il faut assister à cette plongée dans les pensées dérangeantes de Maupassant, de l'entre-deux mondes à l'autre monde. Un bijou d'interprétation.

À ses côtés, il y a Solange, superbe Vanessa Cailhol, la compagne impromptue des derniers instants. L’amour de Solange pour Maupassant jalonne l’approche des ténèbres par des souvenirs heureux et des attentions tendres bienfaisantes. Vanessa Cailhol campe une Solange attachante, bienveillante et forte. Tout à la fois meurtrie et combattante, ce personnage fantasmagorique est illustré selon les séquences avec une discrétion prévenante, un effacement affectueux et une pugnacité explosive.

C'est une relation merveilleuse et troublante que nous offre à voir et ressentir ce formidable duo de comédiens. Complémentaires et complices, passionnés et passionnants, elle et il nous touchent par la sensibilité extrême et la sensualité prégnante de leurs jeux. Un travail remarquable qui nous enveloppe et nous captive.

La mise en scène de Anne Bourgeois ne s'encombre pas d'oripeaux ou d'effets inutiles. Souple et précise, cette mise en scène habile ne se "voit" pas, laissant aux comédiens le soin et la place de nous entreprendre. La scénographie de Jean-Michel Adam, la création lumière de Stéphane Baquet et les éclairages de Mathias Fondeneige, les costumes de Jean-Daniel Vuillermoz et la superbe création sonore de Michel Winogradoff se marient avec adresse et habillent la prestation des deux artistes au plateau avec bonheur. Il y a de la beauté dans cet ensemble esthétique qui fonctionne à merveille.

Un récit théâtral de Gérard Savoisien comme un hommage grandiose à un illustre écrivain. La mise en vie se fond dans une forme d'animalité passionnelle qui nous cueille. Jean-Pierre Bouvier y est éclatant de talent, troublant et captivant, et Vanessa Cailhol superbe de finesse et d'intensité. Un très beau temps de théâtre que je conseille vivement. Une leçon admirable et mémorable !

 Spectacle vu le 14 janvier 2025

Frédéric Perez

 De Gérard Savoisien. Mise en scène de Anne Bourgeois. Scénographie de Jean-Michel Adam. Costumes de Jean-Daniel Vuillermoz. Création sonore de Michel Winogradoff. Création lumière de Stéphane Baquet. Éclairages de Mathias Fondeneige.

Avec Jean-Pierre Bouvier et Vanessa Cailhol.

Photos © Michel Winogradoff
Photos © Michel Winogradoff
Photos © Michel Winogradoff
Photos © Michel Winogradoff

Photos © Michel Winogradoff

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