Overblog Tous les blogs Top blogs Musique & Divertissements Tous les blogs Musique & Divertissements
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
MENU

"Luce e Ombra II", 1912

 

Il y a chez Giovanni Giacometti (1868–1933) une fidélité à la lumière qui dépasse la simple recherche picturale. C’est une fidélité presque spirituelle. Né dans la vallée de Bregaglia, au cœur des Alpes suisses, le peintre a grandi au contact d’une nature exigeante, des montagnes abruptes, des hivers d’une clarté tranchante, des étés où la lumière ruisselle sur les pierres. Ce cadre, il ne cessera de le peindre, non pour en restituer la topographie, mais pour en capter la vibration, le souffle invisible.

Formé à Munich puis à Paris, Giacometti découvre les impressionnistes et les divisions de la couleur. Dès le retour dans son village, il réinvente ces influences en les mêlant à la rigueur et à la lenteur de la montagne. Sa touche devient mosaïque, son regard presque musical. Dans ses tableaux, la lumière n’éclaire pas, elle sculpte. Elle avance comme une matière, se pose en surface, se dissout dans les ombres, puis renaît dans un éclat discret.

Luce e Ombra II (Lumière et Ombre II) illustre cette quête. Le titre dit tout. La tension entre la clarté et le retrait, entre ce qui s’offre et ce qui se tait. Rien n’y est spectaculaire. Le sujet, peut-être un jardin, un coin d’arbre, une figure perdue dans la lumière, importe moins que la manière dont le tableau s’exprime. Les couleurs s’y répondent comme des notes, les formes se dissolvent dans une pulsation lente, presque méditative. L’ombre, ici, ne s’oppose pas à la lumière.

Giacometti appartient à une génération qui cherche à dépasser la simple imitation du réel. Il croit à la puissance émotionnelle de la couleur pure. Mais là où d’autres s’imposent par le symbole ou la géométrie, lui reste fidèle au tremblement, au passage, à l’instant. Ses toiles ne décrivent pas, elles écoutent. Elles accueillent la lumière comme on recueille une parole fragile.

Père du sculpteur Alberto Giacometti, il a transmis à son fils cette patience du regard, cette attention à l’invisible qui précède toute forme. Dans ses paysages, comme dans ses portraits, on sent déjà cette tension entre présence et effacement, qui traversera toute la dynastie. Giovanni Giacometti fut de ces peintres pour qui, il s’agit moins de figer le monde que de l’habiter, dans les battements légers des lumières qui passent.

Le 12 octobre 2025

Frédéric Perez

"Giovanni Segantini sur son lit de mort", 1899

"Giovanni Segantini sur son lit de mort", 1899

"Vue de capolago (bregaglia)", 1907

"Vue de capolago (bregaglia)", 1907

"La Mère", 1908

"La Mère", 1908

Autoportrait, 1910

Autoportrait, 1910

"Ottilia",1913

"Ottilia",1913

"Le Pittore (Alberto Giacometti)" , 1921

"Le Pittore (Alberto Giacometti)" , 1921

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :