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Le Poche Montparnasse accueille à nouveau, après le succès de la dernière saison, cette proposition intime et raffinée autour du texte de Tolstoï.
« Qu’est-ce que le bonheur conjugal ? Une promesse, un paradoxe ? C’est ce dont la jeune Macha va faire l’expérience. Au long d’une émouvante confidence accompagnée par la sonate de Beethoven Quasi una fantasia, elle nous entraîne dans les méandres de son âme, passant de l’exaltation amoureuse aux désenchantements du quotidien partagé, jusqu’à l’implacable analyse de la maturité : l’amour et l’habitude ne font pas bon ménage. »
Le rythme de la pièce favorise l’écoute. L’adaptation de Françoise Petit choisit les instants révélateurs plutôt que l’exhaustivité, permettant de suivre le basculement progressif des émotions. Sa mise en scène privilégie la simplicité pour mieux révéler la complexité des sentiments. La scénographie repose sur la suggestion. Une toile de fond, des jeux de lumière précis et la présence discrète mais essentielle du piano créent une atmosphère enveloppante, qui épouse parfaitement le texte. Cette mise en vie joue la carte de la pudeur. Une économie de moyens renforce l’intimité du spectacle et invite à une attention fine aux gestes et aux inflexions de voix, confrontant le public aux questions du temps, du désir et de la routine.
L’interprétation d’Anne Richard passe avec fluidité de l’enthousiasme à la mélancolie, et chaque silence ou inflexion devient un relais qui met en valeur les nuances du récit et la finesse du travail théâtral contemporain. La comédienne tient le plateau avec une présence à la fois subtile et vibrante. Ses variations de ton sculptent le parcours intérieur de Macha et traduisent avec justesse l’exaltation juvénile, la mélancolie et les doutes qui traversent le personnage. Les silences jouent un rôle central et révèlent des nuances délicates, contribuant à l’intensité de l’interprétation. Jean-François Balmer intervient en ombre et en silhouette pour suggérer la présence masculine qui soutient ou parfois entrave la parole de Macha.
Les interventions musicales de Nicolas Chevereau, pianiste à la puissance et à la musicalité impressionnantes, s’intègrent au récit et accompagnent les inflexions émotionnelles avec élégance et délicatesse. Ce contrepoint instrumental confère au spectacle une respiration particulière et souligne les tensions ou les instants de grâce sans jamais les écraser.
Le spectacle se distingue par sa justesse et sa sobriété. Il rend tangible la lente usure du quotidien conjugal tout en conservant une élégance dramatique. L’ensemble gagne en cohérence et en générosité grâce à l’équilibre harmonieux entre texte et musique.
Le Bonheur conjugal propose un théâtre sobre et habité, centré sur l’intériorité et le détail, qui rend le spectacle accessible et chaleureux. Le jeu nuancé et la finesse de la mise en scène en font un moment sensible et marquant. Une promesse d’intimité partagée.
Un moment de théâtre pensé avec goût et exécuté avec soin, porté par une interprétation magnétique et un accompagnement musical merveilleusement enveloppant. Un Tolstoï abordé avec délicatesse et modernité.
Spectacle du 5 octobre 2025
Frédéric Perez
De Léon Tolstoï. Adaptation et mise en scène de Françoise Petit. Musique de Beethoven Sonate Quasi Una Fantasia. Lumières de Hervé Gary. Tableau de Gaël Davrinche.
Avec Anne Richard et au piano, Nicolas Chevereau. Et avec la participation de Jean-François Balmer.
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