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Exposé à partir d’aujourd’hui au musée d’Orsay, ce tableau est prêté par le Qatar Museums pour une période d’au moins cinq ans.

Quel tableau !

Il y a dans Le Désespéré de Gustave Courbet quelque chose d’une implosion contenue, d’un cri suspendu sur la toile. Le jeune peintre, âgé d’à peine vingt ans, s’y saisit lui-même dans un moment de pure fièvre. Les yeux écarquillés, les mains agrippant les tempes, comme si la pensée débordait du cadre. Ce n’est pas un simple autoportrait, mais une scène d’urgence intérieure.

Courbet, qu’on célébrera plus tard comme le maître du réalisme, n’en est pas encore là. Ici, il nage encore dans les vagues houleuses du romantisme. Lumière dramatique, contraste violent, gestes d’acteur tragique. On imagine les inspirations de Delacroix et de Géricault. Mais là, le ton change. Le désespoir n’est plus une posture héroïque, c’est une vérité nue, presque brutale.

Dans cette figure tourmentée on peut y lire une revendication. Celle de l’artiste qui veut exister autrement, qui refuse les conventions et s’affronte à lui-même. Courbet se peint désespéré, mais libre.

Et voilà qu’aujourd’hui, près de deux siècles plus tard, le visage du peintre nous fixera à nouveau depuis les murs du musée d’Orsay. Il n’a rien perdu de sa force. On pourra encore l’entendre haleter, dans un silence tendu, comme si le désespoir, loin d’être un cri de douleur,devenait la preuve éclatante de la vie.

 

Le 14 octobre 2025

Frédéric Perez

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