La 6ème édition du festival PARIS DES FEMMES - scène d’auteures, a lieu les 6, 7 et 8 janvier au Théâtre des Mathurins.
Le parti-pris est on ne peut plus clair :
« Le festival Paris des Femmes favorise la création théâtrale au féminin depuis maintenant 6 ans. Chaque année, des auteures sont invitées à écrire une pièce courte sur un seul et même thème. Leurs créations sont présentées sous forme de lectures mises en scène, dans la grande salle du théâtre des Mathurins.
Pour cette 6ème édition le thème est SCANDALE.
Les dix auteures s'emparent de ce sujet omniprésent dans l'actualité en choisissant d'en explorer les manifestations les plus intimes et les plus familières, au travers d'histoires puisées dans le quotidien d'hommes et de femmes ordinaires, composant, chacune avec sa sensibilité propre, des variations tout en finesse et subtilité. »
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La lecture-spectacle de ce vendredi 6 janvier a permis de découvrir trois textes aussi différents que prégnants par la puissance de leur description farouche et précise des maux vécus, subis ou ressentis par des femmes.
Scandaleuses humiliations, ignobles et parfois insideuses souffrances qu’elles nous montrent là et qu’elles endurent dans le secret de leur intimité comme dans les cris de leur révolte, fières malgré tout, humbles toujours. Quelle force faut-il pour vivre cela !
PATRICIA d’Aurore Auteuil décrit la longue chute d’une femme vers l’oubli de la vie, vers son ultime refuge dans le ventre de la folie. Maltraitée et meurtrie à jamais par une enfance empêchée, subissant les viols de son père et les indifférences de sa mère, Patricia devient mère à son tour. Mais ne rêvons pas, elle sera mère célibataire, abandonnée de nouveau, délaissée par l’homme qui aurait pu être l’homme de sa vie.
Son fils est là. Elle découvre enfin l’amour grâce à cet enfant. L’amour pour ce fils qu’elle ne verra toutefois que dans les quelques pauses que sa folie lui permettra. Elle mettra toute son espérance dans cette jeune vie comme pour vivre enfin, par transcendance. L’émotion nous envahit progressivement au rythme des mots qui eux-mêmes évoluent peu à peu. Passant de la narration crue et violente du début pour ensuite emprunter au velours d'une poésie rythmée et de plus en plus onirique, les mots pour dire un adieu de beauté à la vie.
LE VENTRE DES FEMMES de Leïla SLIMANI donne la parole à des jeunes femmes confrontées à l’avortement, dans une société orientale où la culture oppresse et dénonce sans entendre, sans jauger son jugement par la tolérance. Là où l’émancipation des femmes semble impossible tant elle serait un compromis intolérable. Compromis avec le pouvoir de la domination masculine dont la jouissance prévaut à toute forme de progrès social et d’accès au bonheur de tous.
Nous voyons une jeune fille échappée de son village, ayant payé sa liberté par le don de son corps, se soumettre au « docteur ». La salle d’attente est la salle où se confient ces femmes, se soutenant dans leur souffrance, leur humiliation, leur double peine.
L’une d’elles, sortant du cabinet, sera la voix de la révolte, décrivant une à une les raisons de son émancipation qu’elle arrache, au péril sans doute de la relégation familiale ou sociale. Si donc « les femmes sont l’avenir des hommes », quand donc arrêterons-nous de penser leur vie à leur place et marquerons-nous la fin de ces duperies qui conduisent certaines à tricher pour vivre l’amour dans le secret ?
Un texte fort et nécessaire ; un cri qu’il faut entendre à nouveau comme un espoir de ne pas avoir à le répéter sans cesse. Liberté, donne-leur ton nom !
DINER EN VILLE (extraits) de Christine ANGOT. Une femme que rien ne semble empêcher, célèbre, riche et belle. Et pourtant, nous ressentons sa quête d’amour et de sincérité, perler dans ses discussions avec son conjoint, dans ce diner en ville. La voici donc confrontée aux compromissions.
Un texte drôle qui met en scène un milieu bobo, intello à souhait et plutôt artistique sur les bords. Il y a de la satire sous cette drôlerie, dans les extraits que nous avons entendus.
Pour vivre heureuses sans doute, pour vivre sereines certainement, quels combats doit encore et toujours livrer la deuxième moitié de l’humanité pour accéder au droit au bonheur ? Plusieurs d’entre eux sont ainsi contés dans ce festival dont le mérite et la qualité nous conduisent à nous plier. Pour le saluer d'abord...
LE PROGRAMME DU 6ème FESTIVAL :
VENDREDI 6 JANVIER :
LECTURE-SPECTACLE Mise en scène par Richard BRUNEL
Patricia, Aurore AUTEUIL (avec Aurore AUTEUIL)
Le ventre des femmes, Leïla SLIMANI (avec MAIKA LOUAKAIRIM, Sara MARTINS, Samira SEDIRA)
Dîner en ville (extraits), Christine ANGOT (avec Jean-Baptiste ANOUMON, Emmanuelle BERCOT, Noémie DEVELAY-RESSIGUIER, Jean-Pierre MALO)
SAMEDI 7 JANVIER :
18h30 RENCONTRE D'AUTEURES Animée par Karine PAPILLAUD avec Aurore AUTEUIL, Leïla SLIMANI, Nancy HUSTON, Isabelle MONNIN, Salomé LELOUCH
20h30 LECTURE-SPECTACLE Mise en scène de Jean-Philippe PUYMARTIN
5h19, Nancy HUSTON (avec Marianne BASLER, Manon COMBES, Bernard VERLEY)
A plusieurs, Salomé LELOUCH (avec Manon COMBES, Brigitte ROUAN, Sylvain SOUNIER)
Chaque seconde est une poignée de terre, Isabelle MONNIN (avec Rachel ARDITI, Sol ESPECHE, Xavier GALLAIS)
DIMANCHE 8 JANVIER :
17h RENCONTRE D'AUTEURES animée par Karine PAPILLAUD avec Ariane ASCARIDE, Sylvie GERMAIN, Brigitte GIRAUD, Marie NIMIER
19h LECTURE-SPECTACLE mise en scène Catherine SCHAUB, musique d’Aldo GILBERT
French Cancan, Ariane ASCARIDE (avec Raphaëline GOUPILLEAU, Tessa VOLKINE)
Economie d'énergie, Sylvie GERMAIN (avec Sam KARMANN, Cristiana REALI)
Le jour où Maud a sauté, Brigitte GIRAUD (avec Nicolas BRIANCON, Bénédicte CHOISNET)
Le vrai scandale, c'est la mort, Marie NIMIER (avec Dominique GRAS, Marilù MARINI)