À nouveau, Léonore Confino frappe fort et fait mouche. Tout au long de ses pièces, elle s’évertue à regarder à la loupe rieuse, cernée d’une marqueterie élégante, les sujets qui fondent le vivre-ensemble, qui détourent les caractéristiques sociales des relations humaines. Avec une plume un rien satirique, toujours acidulée de gourmandises espiègles et caustiques, cette auteure nous enchante, nous étonne, nous ravit.
Nous réembarquons volontiers dans son univers avec la même attente impatiente et confiante. Mais bien que nous voyions arriver le train, nous sommes à chaque fois et aujourd’hui encore, surpris par ce qu’il sort de ces wagons remplis de vérités pas toujours bonnes à entendre et pourtant… De ces évidences par toujours faciles à admettre et pourtant… De ces leçons de choses pas simples à faire siennes au premier abord et pourtant !
Léonore Confino sait nous parler. Car c’est bien à nous et de nous qu’elle parle. C’est bien de nous-mêmes que nous sourions ou rions, ce sont bien nos émotions qui se jouent là. Nous, hommes et femmes, jeunes ou vieux. La subtilité de cette auteure est si perfide et chaleureuse que nous nous laissons faire par cette bienveillante et malicieuse écriture.
Après les relations au travail avec « Building » ; Les relations dans le couple avec « Ring » ; Les relations dans la famille avec « Les uns et les autres » et « Le bruit de la machine à laver »; L’enfance et la construction de l’identité avec « Le poisson belge », voici venu le tour de l’adolescence avec PARLONS D’AUTRE CHOSE.
Ce tableau sur les ados d'aujourd'hui est sensible, drôle et juste. Il nous parle d’eux comme nous les voyons dans nos expériences ou dans nos souvenirs, dans nos fantasmes ou dans nos peurs. Corrosive mais toujours indulgente, la pièce se présente comme une partition à 9 voix (8 jeunes femmes et 1 jeune homme) et nous offre un spectacle composé de mains de maitre par l’auteure, la metteure en scène Catherine Schaub, la chorégraphe Magali B et le musicien Aldo Gilbert. Des parties chantées, des pantomimes et des danses colorent l’ensemble de ce petit régal théâtral.
Les neuf jeunes comédiens, à l’enthousiasme débordant, jouent, chantent et bougent avec justesse et précision. Ils sont convaincants dans leur interprétation d’adolescents, avec leur niaque parfaitement crédible et leurs troubles émouvants. Ils nous entrainent dans cette folle farandole de paroles d’ados, aux accents véritables du réalisme d’aujourd’hui. Paroles de jeunes contemporains, avec leurs mots et leurs maux, qui font résonner les problématiques universelles de la jeunesse autour de la quête identitaire, de la reconnaissance sociale, de l’appartenance, de l’amitié, de l’indépendance des idées, de la liberté sexuelle, de la prise de risque, de la confrontation au danger et de l’amour.
Un spectacle riche, drôle, agréable, calé au cordeau et très bien joué. À voir sans hésitation.
De Léonore Confino. Mise en scène de Catherine Schaub. Chorégraphie de Magali B. Lumières de Christophe Luthringer. Musique d’Aldo Gilbert. Avec Aliénor Barré, Solène Cornu, Faustine Daigremont, Marion de Courville, Thomas Denis, Marguerite Hayter, Elise Louesdon, Camille Pellegrinuzzi et Léa Pheulpin.
Du jeudi au samedi à 19h30 et le Dimanche à 16h - 53 rue des Saules, Paris 18ème - 01 42 23 88 83 - www.funambule-montmartre.com