Tirée du roman de Clarisse Nicoïdski « Le désespoir tout blanc », publié en 2000, LILI en est l’adaptation théâtrale de Daniel Mesguich. Une pièce qui saisit, intrigue et envoute.
Nous sommes touchés dès le début par l’intensité crue et véritable de ce personnage d’abord étrange puis vite familier. Lili n’est pas comme tout le monde, Lili n’est pas normale. Une idiote de village, une simple d’esprit, une enfant pour toujours.
Elle vit sa douce folie dans une quiétude béate et curieuse, parfois perturbée par des agitations fortes aux accents violents. Elle ne maitrise rien Lili, elle vit. Elle vit avec la simplicité de l’innocence et la résignation de la faiblesse dans ce monde qu’elle commente comme elle le voit. Un manège qui tourne sans fin où elle reconnait ses proches mais où elle n’a pas de place.
Elle s’éblouit d’un rien qui bouge, d’un contact involontaire qu’elle ressent comme une caresse. Les coups lui font mal, les paroles du bien. Elle comprend tout au premier degré sans que la pensée l’aide à interpréter la réalité.
Son handicap mental et moteur la prive. Son insuffisance cognitive réduit son rapport au réel à l’immédiat. Son ultra sensibilité sensorielle et affective imprime des souvenirs-réflexes et créé des attentes de plaisirs où frustrations et désirs se mélangent. Son inadaptation sociale est telle qu’elle devra poursuivre son histoire de vie dans un désespoir qui l’inonde de plus en plus et qui la conduira hors de la maison familiale, dans un ailleurs plus loin encore que le sien.
Un magnifique personnage, riche de ses différences.
La mise en scène de Daniel Mesguich, finement élaborée, rend Lili plus belle que sa souffrance. Illuminant de poésie ses hallucinations, ses joies et ses douleurs. Sur le plateau, le personnage de Lili n’est pas tout seul, un deuxième personnage l’accompagne et précède, double ou prolonge sa narration. Les propos dits ou joués, les murmures, les airs chantés, les cris et les crises de nerf, de pleurs ou de rires donnent au spectacle des reliefs lumineux et fantasmagoriques. L’envoutement est réussi, nous sommes pris.
Quelle étonnante et belle rencontre avec cette grande petite fille, ne soyons pas surpris de nous prendre d’affection pour elle.
Un très beau spectacle, une magistrale interprétation toute en nuances de Lili par Catherine Berriane et de son double par Flore Zanni.
Voici une petite perle théâtrale à voir sans attendre.
D’après « le désespoir tout blanc » de Clarisse Nicoïdski. Mise en scène de Daniel Mesguich. Collaboration artistique de Sarah Gabrielle. Costumes de Dominique Louis. Avec Catherine Berriane et Flore Zanni.
Du mardi au samedi à 20h30 et le dimanche à 16h00 - Cartoucherie, route du champ de manœuvre, Paris 12ème – 01.48.08.39.74 – www.epeedebois.com