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Tant pis et bien fait ! Non mais na !... Ce spectacle est un cauchemar pour les auteurs de contes de fée et les fabulistes, bien fait pour eux !... Ils nous ont tellement fait trembler ou rêver, jusqu’aux limites du trouble, de tout ce qu’il nous a fallu enfouir ensuite parmi nos peurs pour ne pas se priver aujourd’hui d’une revanche ironique et rieuse voire déjantée.

 

Les personnages se retrouvent ici dans un mélange explosif et burlesque où les rôles, les intrigues et les morales s'entremêlent et embrassent les stéréotypes d’aujourd’hui comme pour mieux faire ressortir que ce ne sont, comme naguère, que poussières de vérité, vents de croyances et filtres d’espérances.

 

Là où il y avait illusions, mythes et légendes, Sarah Fuentes écrit une pièce aux allures foutraques mais bien pensée, dans laquelle l’imagination vient sans doute toujours autant remuer nos désirs ou nos fantasmes et contribuer à structurer ou interpeller notre compréhension du monde. Et c’est tant mieux ainsi, nous dit la psychanalyse, depuis Freud en passant par Bettelheim, La Génardière et Diatkine ! L'imaginaire peut y déloger ce que nos rêves enterrent. 

 

Un parti-pris audacieux, à contre-courant de la pensée sage, grâce auquel les textes et les situations se moquent, détournent et compressent pour rire jaune ou franchement du tragique des messages implicites ou des enfouissements inconscients qui nous pénétraient. Les mythes de notre enfance se trouvent enchevêtrés ainsi avec des textes et des situations que la culture fantastique ou fictionnelle contemporaine draine jusqu’à nos consciences et tente de trainer dans la lie de la soumission crédule.

 

Si nous rions volontiers et souvent, notre pensée est chahutée et bouleverse le plein et le trop-plein que nous avons conservés de ces contes et de leurs héros, de nos rêves et de nos cauchemars.

 

La mise en scène de Sarah Fuentes et Jan Oliver Schroeder crée une ambiance de contes à faire peur et rire en même temps. Épurée et centrée sur le texte, elle parvient à nous captiver en nous inquiétant de ce que nous voyons, avant de comprendre ce que nous avons vu.

 

La distribution est inégale dans la justesse. C’est dommage mais n’empêche pas la crédibilité de l’ensemble. À noter toutefois la force comique de Sarah Fuentes comme la précision et la délicatesse de jeu de Maud Imbert.

 

Il y a dans ce spectacle une forme de catharsis étrange et grotesque à la fois, dont la force détonne et dérange presque du plaisir de rire de nos effrois d’autrefois. Une belle expérience théâtrale surprenante, convaincante et agréable.

 

 

De Sarah Fuentes. Mise en scène de Sarah Fuentes et Jan Oliver Schroeder. Musique de Pili Loop. Scénographie de Carolina Spielmann. Décor de Renée Guirao. Costumes de Sho Konishi.

 

Avec Ludovic Chasseul, Sarah Fuentes, Maud Imbert et Jan Oliver Schroeder.

 

Jeudi, vendredi et samedi à 21h30 – 3 rue des Déchargeurs, Paris 1er – 01.42.36.00.50 – www.lesdechargeurs.fr

 

- Photo © Frédérique Toulet -

- Photo © Frédérique Toulet -

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