Une drôlerie à l’humour délicat et mitrailleur que ce voyage spectaculaire et semé d’embrouilles dans le cabinet d’un neuropsychiatre où l’improbable devient possible et l’impossible probable.
Comment ? J’entretiens un malin plaisir à jouer avec l’incompréhensible, le doute ravageur et l’incertitude dérangeante ? Oui et alors ? Moi aussi j’en ai pris tout mon soûl de cet emberlificotage romancé, ingénieux et irrésistible ! Vous verrez, je vous le prédis : prisonniers de l’humour, nous n’avons que le rire pour exister et nous ne nous en privons pas !
Le pauvre Marin Piche s’ennuie de tout et tout l’ennuie. Sa vie, son travail, son épouse, même lui l’ennuie. Il finit par venir consulter un éminent spécialiste qui s’empare de son cas avec une curiosité excitée et farouche comme Freud le fit sans doute pour Dora, Lacan pour Aimée et Alexandre Dumas pour Martin Guerre. Car c’est un cas celui-là, nous ne pouvons qu’en convenir et avec nous tout une armée de psy qui se bousculerait à l’entrée d’un séminaire sur le cas Martin Piche, si tant s’en fut !
Un cas d’école que des générations d’étudiants pourraient traiter, suant de n’en plus pouvoir, désarmés d’espérance de ne pas trouver de solution. Car il faut bien le reconnaitre, il n’y a pas de solution. Seule la guérison de Piche vaincra comme le théâtre sait le faire et ici ô combien !
L’écriture de Jacques Mougenot tisse cette histoire avec un humour délicieux et habile. Il fait fonctionner le 1er dégré d'une farce classique, le 2ème degré du théâtre de l’absurde de Beckett ou de Pinter… jusqu’au 15ème degré sans ascenseur où nous devons nous accrocher, si nous y arrivons, pour ne pas exploser d’éclats de rire et nous répandre repus mais sauvés car proches de la fin.
La mise en scène d’Hervé Devolder joue adroitement de la simplicité et de l’alerte des réparties, n’ajoutant aucun effet visuel ni sonore. Nous sommes dans du théâtre d’acteurs et nous y sommes bien.
L’auteur et le metteur en scène jouent les rôles de Piche et du psy avec une fluidité fourbe et une aisance déconcertante. Nous sommes embobinés du début à la fin par ce diabolisme drolatique qu’ils entretiennent tous les deux.
Tuerie de bout en bout caustique, cynique parfois, amusante toujours, nous en sortons finalement apaisés de cette séance chez le psy, riche et bienfaisante. Du plaisir de rire intelligent et jubilatoire que cette pièce farcesque très actuelle et réussie. À ne pas manquer !
Texte de Jacques Mougenot. Mise en scène d’Hervé Devolder assisté par Pauline Marbot. Lumières de Denis Koransky.
Avec Hervé Devolder et Jacques Mougenot.
Du mardi au samedi à 19h00 et le dimanche à 17h00 – 31 rue de la Gaîté, Paris 14ème – 01.43.22.77.74 – www.theatremontparnasse.com