Adapté de la pièce « La Maison de Bernarda Alba » de Federico Garcia Lorca, ALBA est un bijou de théâtre visuel où le corps est parole et la tragédie devient poésie.
Bernarda Alba décrète, selon la coutume religieuse andalouse, un deuil de 8 ans suite à la mort de son mari. Leurs filles et la servante doivent s’y soumettre. Mais l’amour vient contrarier le dictat et bouscule aussi bien le mariage de la fille ainée, prévu par la mère. La mort fauche à nouveau et met fin à l’histoire.
Comme un tableau vivant en mouvement permanent, les scènes s’enchainent et se fondent dans une ambiance tendue ou relâchée à la cadence des péripéties de l’histoire, de ses moments de joie et souvent de tristesse, conduisant inexorablement au malheur.
Mime corporel et danse dramatique sont les deux flambeaux qui illuminent cette adaptation tonique et crue, sensuelle et voluptueuse, qui reprend tous les thèmes de la pièce et les fait vivre par les corps en mouvement, soyeusement drapés de noir ou de blanc.
Les artistes racontent sans parler, accompagné-e-s parfois par quelques disques anciens crachotant des musiques coutumières espagnoles et par un chant d'une brillante flamenca. Souvent, tout se noue et se dénoue en silence trahi par le froissement des déplacements et des percussions corporelles. Elles et il jouent les émotions en les vivant de leurs gestes avec une intensité farouche et une précision fine et élégante, qui savent devenir cruelles et passionnées.
La mise en scène d’Yves Marc et d’Estelle Bordaçarre privilégie la pureté et la force des sensations de chacun des personnages. Les comédien-ne-s, en corps et en chœur, jouent avec une puissance troublante leurs chants d’amour et de désespoir. Les scènes d’ensemble comme celles à personnage unique sont toutes impressionnantes.
Du bel art nous est offert par Mélanie Devoldère (magnifique servante) et Yves Marc (remarquable Bernarda Alba) et par Silvia Cimino, Elsa Marquet-Lienhart, Véronique Muscianisi et Elsa Taranis (époustouflantes de vérité en filles impétueuses, complices et rebelles).
L’émotion parle mieux que des mots par ces corps dont on ne sait jamais s’ils dansent ou s’ils miment, s’ils flottent ou s’ils glissent. La puissance artistique passe la rampe, nous sommes profondément touchés par ce drame familial traditionnel si bien conté.
Un superbe spectacle.
Adaptation de la pièce de Federico Garcia Lorca, La Maison de Bernarda Alba. Mise en scène Yves Marc, assisté d’Estelle Bordaçarre. Son David Schaffer. Lumière, scénographie Jaco Biderman. Costumes Fanny Mandonnet.
Avec Silvia Cimino, Mélanie Devoldère, Yves Marc, Elsa Marquet-Lienhart, Véronique Muscianisi et Elsa Taranis.
Vendredi 9 juin à 19h00 - International Visual Theatre -
7 cité Chaptal, Paris 9ème - 01 53 16 18 18 – www.ivt.fr
Voir prochaines dates sur le site de la compagnie www.theatredumouvement.fr