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À nouveau, François Bégaudeau signe une pièce de théâtre qui comme ses autres écrits, s’invite dans la clairière de nos consciences. Dans cette multitude d’informations aux allures de poncifs qui nous encerclent et nous sollicitent en permanence.

Il joue au passeur et tente de nous conduire à réfléchir avec ses personnages, à la critique des courants de pensée sur la jeunesse et ses prétendus méfaits, sur l’information et son omniprésence, qui cherchent à nous atteindre et nous soumettre, faisant le lit de nos peurs en ces temps de guerre terroriste.

Nous ne pouvons que nous sentir concernés par ce spectacle caustique et percutant qui nous interpelle sur des sujets de société, majeurs et piquants, comme la contagion des craintes qu’ils inspirent et les amalgames grossiers qu'ils véhiculent.

Stéphane est enseignant, prof d’histoire. Apparemment, il cherche à ne pas ressembler à son destin. Professeur oui (séquence 1) mais pourquoi pas journaliste (séquence 2) ou comédien (séquence 3) ? Nous le suivons dans ces trois temps de vie.

Prof, ami du père de Maxime, il accepte de discuter avec le jeune fils de 18 ans. Son père a peur et s’inquiète, Maxime passe beaucoup de temps devant son ordinateur. Serait-il manipulé ? Par ces temps qui courent, le djihad, tout ça… Risque de contamination oui mais pour qui ?...

Une joute s’installe entre le professeur et son ancien élève, entre l’ami du père envoyé en sauveur et le fils de 18 ans dont on ne sait plus tout de ses occupations. Le système est-il oppressif ? Que croire parmi les complots et les faits réels dont les informations institutionnelles et parallèles se font l'écho ? Entre analyse critique et scepticisme, entre communication et manipulation, entre transmission et conditionnement, entre certitudes et croyances, comment comprendre et combattre cette peur grandissante nourrie de nos propres peurs ?... L’un comme l’autre en prend pour son grade. Match nul. Chacun sa route, chacun son chemin.

Nous retrouvons Stéphane dans le bureau d’un rédacteur en chef d’une publication numérique de « breaking news » en mode « up to date » sur le terrain du sensationnalisme de la radicalisation. Il propose un article à FX qui lui oppose sa ligne éditoriale. Comment ça ? Penser la radicalisation dans une perspective historique ? La réduire à une peur de nos peurs ? Pas vendable ou pas intéressant, on ne sait pas. Sans doute trop éloigné des stéréotypes transportés par ce média et des phrases toutes faites proférées par FX.

Puis nous assistons à une répétition de la pièce de théâtre d’Alexandre. Il met en scène Stéphane qui travaille un monologue. De coupures en coupures, ils s’interrogent sur la place du théâtre, son propos, sa portée. Que doit-on représenter au théâtre ? La vie telle qu’elle est, qu’elle devrait être, qu’elle est comprise ? Comment contribuer à développer l’esprit critique sur les faits qui nous entourent et nous envahissent ? Comment aider à penser l’actualité sociale et politique ? Le théâtre sert-il un engagement citoyen ?

Stéphane se rend compte que sa liberté de conscience est occupée par la peur d’avoir peur. Il ne tolère plus sa soumission à ces peurs entretenues et vaines. Il veut s’échapper de cette zone contaminée et s’en extraire par exfiltration. Ailleurs vers un refuge de la joie, là où converser sur d’autres sujets serait possible.

L’écriture de François Bégaudeau emprunte ses codes au langage actuel et nous semble proche, aux idées brutes et à l’humour médiateur. La pièce relève du théâtre d’interrogation sociale à visée pédagogique, à l’instar de Jerzy Grotowski ou d’Augusto Boal.

CONTAGION contribue à faire le compte des impostures politiques et des tentatives de nivellement contrôlé des médias de masse. Comme un cri de guerre contre une guerre qu’il ne veut pas, Bégaudeau y tient haut le flambeau pour dénoncer sans renoncer, pour que les propos obscurs ne se répandent pas sans faillir d'être montrés et étouffés.

La mise en scène de Valérie Grail favorise l’accès au texte en composant une expression artistique fluide, simple et efficace, dénuée d’effets inutiles. Ce qui laisse toute la place qui convient au jeu des comédiens.

Raphaël Almosni joue un Stéphane troublé et troublant. Il veut nous convaincre de la sincérité et de la force de son personnage qui doute et se rebelle. Il y parvient avec brio.

Come Thieulin étonne et détonne. Il joue avec une redoutable ingéniosité et une belle adresse ses trois personnages. Du jeune Maxime à FX et Alexandre, il est crédible de bout en bout.

Un texte captivant, une mise en scène réussie et des comédiens brillants. Un spectacle à ne pas manquer.

 

De François Bégaudeau. Mise en scène de Valerie Grail. Scénographie de Charlotte Villermet. Lumières de Jean-Luc Chanonat.

 

Avec Raphaël Almosni et Côme Thieulin.

 

 

 

Jusqu’au 18 Juin 2017 au Théâtre Paris Villette - Du mardi au jeudi à 20h00, le vendredi 16 à 20h45, le samedi à 20h00 et le dimanche à 16h00 - 211 avenue Jean Jaurès, Paris 19ème01.40.03.72.23

www.theatre-paris-villette.fr

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Du 7 au 28 Juillet au festival d'Avignon - tous les jours à 16h25 – (relâche les mercredis) – Artéphile - 7 rue Bourg Neuf – 04.90.03.01.90 - www.artephile.com

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Jeudi 8 et vendredi 9 mars 2018 à 20h30 au CDN Théâtre de Sartrouville – Place Jacques Brel – 01.30.86.77.79 -

www.theatre-sartrouville.com

 

- Photo © Frédérique Ribis -

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- Photo © Frédérique Ribis -

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- Photo © Frédéric Pitchal -

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