L’Histoire se répète, dit-on… mais les histoires d’amour, aussi ?
Marguerite à Nice il y a 100 ans et Jeanne à Paris aujourd’hui nous racontent comme si nous étions près d’elles, dans un salon ou dans un bar, les amours qui ont scellé leurs vies.
Jeanne et Marguerite inscrivent leurs parcours dans une semblable volonté de trouver leurs parts de bonheur, malgré les douleurs et les frustrations. Elles cherchent et reçoivent les plaisirs intenses et voluptueux de l’amour même s’il leur faut payer chèrement le droit d’y goûter. Car c’est au prix de l’attente de l’autre et de soumission à l’absence, qu’elles vont vivre leurs relations amoureuses.
Traversées par les guerres d’hier et d’aujourd’hui, tamisées au filtre des séparations, les rencontres peu nombreuses de Marguerite et Eugène comme celles de Jeanne et James (mais s’appelle-t-il vraiment James ?) ont creusé les sillons de la patience et du doute.
Attentes farouches et vaines, aux destins identiquement douloureux. Jeanne et Marguerite, meurtries à jamais, nous disent la même horreur devant la chute vertigineuse de l’espérance et le nécessaire renoncement de l’autre.
L’une comme l’autre vont-elles surpasser la perte ? L’une comme l’autre trouveront-elles dans l’écriture le moyen de transcender le manque ? Les cartes postales et les belles lettres échangées entre Marguerite et Eugène sont remplacées par des cahiers. Les conversations téléphoniques et les mails de Jeanne et James deviennent des pages de livre.
Une fin sans fin pour ces belles histoires d’amour.
La pièce de Valérie Péronnet est tirée de son roman éponyme, inspiré d’histoires vraies, écrit en 2011. Le texte émouvant nous prend aussitôt. Femmes singulières par le cheminement qu’elles empruntent et l’ardeur passionnelle qu’elles démontrent, Jeanne et Marguerite nous touchent. L’écriture est chaleureuse et sympathique, souvent drôle.
La mise en scène de Christophe Luthringer, très habilement composée, sert la narration des récits en jouant avec les accessoires et les lumières. L’effet est réussi.
Françoise Cadol joue Jeanne et Marguerite avec aisance et fluidité. Toute en finesse et espièglerie, en empathie totale avec ses personnages, cette brillante comédienne nous captive. Les émotions à fleur de larmes et les sensations joyeuses et tristes nous accompagnent au rythme de ses monologues intimes et puissants.
Un beau et émouvant spectacle.
Texte de Valérie Péronnet. Mise en scène de Christophe Luthringer. Créateur lumières : Thierry Alexandre. Musique : Gérald Elliott. Costumes : Alice Touvet. Créateur sons : Franck Gervais.
Avec Françoise Cadol et les voix d'Emmanuel Jacomy et de Rémi Bichet.
Du jeudi au samedi à 21h00 et le dimanche à 15h00 jusqu’au 1er juillet – 78bis boulevard des Batignolles, Paris 17ème – 01.42.93.13.04 – www.studiohebertot.com