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Que c’est bon de retrouver ce théâtre de plaisir qui joue avec l’erreur et le quiproquo, le hasard et la vengeance, dans des vagues houleuses de bouffonnerie et de loufoque !

Tout ça pour rire et non pas démontrer, sans morale ni vergogne. Certes, la veulerie et la suffisance du bourgeois riche et goujat, le rentier repu, la mondaine vénale, le provincial perdu et les relations employeurs-domestiques en prennent pour leurs grades. Et c’est tant mieux !

Le mariage une institution ? Sans doute mais dans cette pièce de Georges Feydeau, crée en 1896, comme à son habitude c’est aussi (et avant tout ?) un joli terrain de jeu !...

« Vous savez ce que c’est ! ... un beau jour, on se rencontre chez le Maire…

On ne sait comment, par la force des choses… Il vous fait des questions…

On répond « oui » comme ça, parce qu’il y a du monde, puis quand tout

Le monde est parti, on s’aperçoit qu’on est marié. C’est pour la vie. »

Pontagnac dans Le Dindon, Acte I, scène 2

Épouses outragées ou foldingues, ex ou futures maîtresses, maris jaloux ou volages, anciens amants ou nouveaux soupirants, nouvelles tentations... Autant de projets aux desseins contrariés et de destins promis au ridicule et à la farce, pas seulement mais un peu quand même, celle du dindon farci à la sauce dingue.

 

« Pourquoi donc être fidèle quand l’autre ne l’est pas ? Si tu me trompes, je te trompe ! »... Du point de vue au principe, il n’y a qu’un pas que Feydeau franchit comme toujours allégrement, faisant fi des éclaboussures s’il vient à sauter dans les flaques ou s’il jette un pavé dans la marre.

 

Le mariage, l’adultère, le commissaire de police, les domestiques rieurs et les aveux avoués ou étouffés des amoureux transis ou trahis, composent les ingrédients de ce gâteau vaudevillesque à la saveur délicieuse. Un abattage fourbe de folie délurée, franche et hilarante.

Le tout-est-possible règne chez Feydeau. LE DINDON ne déroge pas à la règle des surprenantes surprises qui surprennent et qui s’emparent de la pièce, de ses traits et de ses situations, laissant pantois les personnages plus souvent qu’à leurs tours et nous faisant rire pour rire.

L’adaptation de Philippe Person sert fidèlement l’esprit du texte en opérant des réductions et des actualisations discrètes et bienvenues, sans trahir ni l’esthétique de l'ensemble ni le langage du grand maître. Adresse respectueuse et respectable.

La mise en scène de Florence le Corre et Philippe Person joue délibérément dans le burlesque, cherchant le tourbillon du rythme qu’elle restitue par des postures et des effets percutants et gaguesques.

Les jeunes comédien-es en sortie de promo nous offrent un Feydeau réussi. La jeune troupe à la fraîcheur enthousiaste montre une superbe joie de jouer, une fougue de tous les diables et révèle de nombreux talents prometteurs.

Un spectacle drôle et pêchu pour un bon moment de théâtre.

 

D’après Georges Feydeau. Adaptation Philippe Person. Mise en Scène Florence Le Corre et Philippe Person. Avec le collectif Silencio Please, première promotion de l’école d’art dramatique du Lucernaire. En alternance :

Zoé Bensimon, Mathieu Bonnefont, Lucas Bottini, Nicolas Bouillis, Clémence Briend, Emmanuelle Cabin Saint Marcel, Cécile Caubet, Nans Gourgousse, Gloria Hérault, Richard Jones-Davies, Éric Julliard, Aurélie Maillot, Manon Menin, Julie Pacheco, Pierre-Louis Paillusseau, Alice Persain, Chloé Philippe, Valentin Rapilly, Ondine Savignac, Aurélie Treilhou, Alexandre Zelenkin.

 

Du mardi au samedi à 19h00 et le dimanche à 15h00 jusqu’au 9 juillet – du mercredi au samedi à 19h00 et le dimanche à 15h00 jusqu’au  20 août  - 53 rue Notre-Dame-Des-Champs, Paris 6ème – 01.45.44.57.34 – www.lucernaire.fr

- Photo © Doriane Chapelier -

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- Photo © DR -

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