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LA TEMPÊTE est considérée comme la dernière pièce de William Shakespeare, un des textes majeurs de son œuvre. Etonnante et majestueuse pièce du théâtre baroque dans laquelle la richesse des évocations ne manque pas. La dotant de nombreuses didascalies, il semble que l’illustre dramaturge y apporte un soin décisif, comme une ultime couleur à sa palette.
L’inspiration y est nourrie de références multiples. Du discours de Médée sur le renoncement dans les Métamorphoses d’Ovide, à la « société idéale » évoquée dans les essais de Montaigne, en passant par des récits de voyages de Magellan et surtout, les bouffons et les magiciens de la commedia dell’arte.
Ce récit onirique et fantastique est édifiant. Son écriture souvent démonstrative, aux allures pédagogiques, donne au spectacle tout sa profondeur de sens et le traverse de splendeurs diverses proches du conte merveilleux.
Prospero, duc de Milan, est destitué par son frère Antonio. Il s’enfuit avec sa jeune enfant Miranda sur une île déserte. Déclenchant des tempêtes, modifiant la réalité et le sort des humains, ses pouvoirs magiques lui permettent d’assouvir sa vengeance, de punir ses traitres et de sauver son honneur. Un parcours de vie nourri de presciences et d’esprits, qui le conduira jusqu’au renoncement de sa puissance et au pardon.
Un récit dense et surprenant nous fait vivre cette surnaturelle épopée romanesque emplie de messages sur la noblesse des sentiments et la sincérité des actions. Une critique saillante des abus du pouvoir colore les propos. L’espoir d’un avenir meilleur vient peu à peu en soulager la charge. Une ode grandiose à la pureté de l’humanité, à la liberté et à l’amour.
Nous comprenons pourquoi le symbolisme de ce récit et l’universalité de ses personnages rejoignent aujourd’hui les mythes du théâtre.
La mise en scène de Robert Carsen, toute en épure d’effets et dans une froide austérité, inscrit les situations et les personnages dans un récit dépouillé, cherchant l’émotion du message dans son traitement. L’utilisation particulièrement réussie des images ajoutées en plan fixe ou en situations cinématographiées nous transporte tout à fait dans ce rêve éveillé. Le magique, le tragique, la drôlerie, l’intime ou la violence se conjuguent dans des approches différenciées dont nous sortons groggy.
La troupe de la Comédie-Française nous enchante à nouveau, Toutes et tous brillent d’excellence. Les jeux riches et puissants nous invitent à imaginer et penser cette histoire, à la vivre par truchement, troublés comme dans un conte par les sensations qui s’en dégagent.
Un beau et impressionnant spectacle.
Une pièce de William Shakespeare. Mise en scène de Robert Carsen.
Scénographie Radu Boruzescu. Costumes Petra Reinhardt. Lumières Robert Carsen et Peter Van Praet. Vidéo Will Duke. Son Léonard Françon. Dramaturgie Ian Burton. Collaboration à la mise en scène Christophe Gayral. Assistanat à la scénographie Philippine Ordinaire.
Avec la troupe de la Comédie-Française : Thierry Hancisse, Jérôme Pouly, Michel Vuillermoz, Elsa Lepoivre, Loïc Corbery, Serge Bagdassarian, Hervé Pierre, Gilles David, Stéphane Varupenne, Georgia Scalliet, Benjamin Lavernhe, Noam Morgensztern et Christophe Montenez.
Et les comédiens de l’académie de la Comédie-Française : Matthieu Astre, Robin Goupil et Alexandre Schorderet.
Représentations en alternance jusqu’au 21 mai 2018
- matinées 14h, soirées 20h30 –
Place Colette, Paris 1er
01.44.58.15.15 www.comedie-francaise.fr