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Comme cette pièce est troublante et envoutante, magique presque. Elle nous accapare aussitôt et nous baigne dans un univers à la fois onirique et fantastique. Nous ne voulons pas croire que cela soit possible même si la fiction semble plausible. Il faut qu’elle reste loin de nous, des souffrances que nous ne pouvons pas ne pas imaginer, de celles que nous ne pouvons pas ne pas ressentir. Car le spectacle est rude, d’une intimité intense, d’une véracité crue et d’une efficacité dramatique redoutable.

 

Le comédien Hugo Miard présente toutes les facettes de son personnage avec une incroyable justesse, le rendant crédible et émouvant, inquiétant et attachant. Une interprétation magnifique d’un texte dense et direct.

 

L’écriture d’Olivier Sourisse se joue de notre imaginaire et joue avec le réalisme du quotidien pour nous raconter cette histoire sombre et captivante qui nous emporte dans les sortilèges de la mémoire, les cachettes de l’inconscient, les fantasmes aux désirs oubliés parmi les peurs.

 

Cléo-Clara ou Clara-Cléo est un être captif. Un endroit glauque et obscur lui sert de logis, d’abri ou de refuge, on ne sait pas. Il semble être la proie sexuelle de plaisirs offerts à une clientèle d’hommes et de femmes, réduisant à ces rencontres ses relations sociales. Une mère et un père apparaissent par moments, convoqués par leur fils-fille ou leur fille-fils. Une petite sœur qui chante, aussi.

 

Parents monstrueux, bourelle et bourreau de leur propre enfant ? Appuis fantasmagoriques d’un délire schizophrénique ? Que lui ont-ils fait ou lui font-ils encore ? Qui est ce captif ? Pourquoi nous touche-t-il tant ?

 

Sans doute l’effet cathartique de la représentation théâtrale nous pénètre jusqu’à sentir de la gêne et de l’intérêt, éprouver de la compassion et du rejet envers celui ou celle qui nous parle là, vivant devant nous des bribes de son histoire, délivrant ses doutes et ses incompréhensions, nous montrant ce qu’il ou elle ne sait pas dire, ce que nous-mêmes serions bien en peine de nommer.

 

Quel est cet emprisonnement ? De quoi, au-delà de qui, Cléo-Clara ou Clara-Cléo est-il ou est-elle le captif ?

 

L’immense trouble qui traverse ce personnage et son récit pose les questions de son identité, de son genre, de son état de conscience. On ne sait pas qui est ce captif, on ne sait plus si ce qu’il dit peut-être cru. Démence hallucinatoire d’un malade ou propos déstructurés d’une victime ? On se sait pas, on ne sait plus.

 

Le combat de Cléo-Clara ou de Clara-Cléo pour exister est-il un combat contre lui-même ? Un combat pour survivre ? Un combat pour nous alerter ?

 

La mise en scène de Frédéric Fage, à l’esthétique prononcé, accompagne le texte dans un clair-obscur permanent et une direction de jeux précise, centrée sur la palette d’émotions du personnage.

 

Un texte audacieux et fort. Une interprétation impressionnante et mémorable. Un spectacle déroutant et captivant.

 

 

 

Une pièce d’Olivier Sourisse. Mise en scène de Frédéric Fage. Scénographie d'Antonin Golfryd. Lumière d'Olivier Oudiou. Conception sonore D'Aymeric Lepage. Maquillage de Léa Djelloul.

Avec Hugo Miard.

 


Du mercredi au samedi à 19h00

7 rue Véron, Paris 18ème

01.42.33.42.03  www.manufacturedesabbesses.com

 

- Photo © Antonin Godfryd -

- Photo © Antonin Godfryd -

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