Cet homme-là nous fascine, ce monsieur-là nous surprend. Il s’appelle Marcel Creton, apprendrons-nous par la suite car lui ne parle pas, il vit. Il vit dans son univers fait de plusieurs mondes. Nous devinons ce que son histoire a fait de lui. Lui qui est passé d’un mode de vie à un mode de survie avec une simple et stupéfiante sérénité.
Le spectacle nous touche. Il a quelque chose de déroutant et de poétique qui nous enchante et nous emporte on ne sait pas vraiment où. Sans doute vers nos émotions profondes, là où nos inquiétudes sur le monde tel qu’il est se mélangent à nos désirs de merveilleux.
Quel Monsieur ! Sa simplicité exemplaire déjoue tous les pièges du désir, le confrontant au besoin qui semble être sa seule nécessité. Il semble s’être construit une existence de résistance, dans laquelle la liberté côtoie les souvenirs et les souvenirs recherchent la résilience.
Est-il heureux cet homme ? Même s’il me semble ressentir comme un parfum de bien-être dans ce qu’il nous montre de sa vie, une petite part de bonheur nue et crue, sa vie est sans aucun doute cruelle. Monsieur vit si chichement que la misère qui lui tient compagnie ne peut pas combler les manques, les espoirs vains qui semblent nourrir un désespoir implacable.
Attend-il de l’aide ? Sa parole ne peut pas nous le dire. Le saurons-nous enfin ?
Une pièce audacieuse de Claire Vienne, finement ficelée et surtout jouée avec un talent fou par Luc Brumagne qui sait se faire complice en nous disant sans le dire tout ce qu’il a à nous dire. Il nous rend proches de Monsieur, sa sensibilité rayonne.
Un spectacle étonnant qui nous interpelle et qui nous laisse pantois et songeurs. Une proposition peu commune et attirante que je conseille de découvrir.
Spectacle vu le 18 juillet 2018,
Frédéric Perez
Texte et mise en scène de Claire Vienne. Scénographie de Daniel Lesage. Régie de Loïc Blanc.
Avec Luc Brumagne.
MONSIEUR à la Factory
à 13h10 jusqu’au 29 juillet (relâche le 23 juillet)