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« Une vie, voyez-vous, ça n’est jamais si bon ni si mauvais qu’on croit. C’est sur cette phrase que Maupassant achève son premier roman « Une vie ou L'Humble Vérité ». Il nous raconte l’histoire de Jeanne »

 

Clémentine Célarié fait de ce chef d’œuvre de la littérature française un monologue théâtral d’une puissante intensité et d’une simplicité si belle qu’elle en est magnifique.

 

Elle fait ressortir avec force et finesse toute la splendeur et l'envoûtement du texte de Maupassant. Se fondant dans le style reconnaissable et soigné de l’auteur, cette immense comédienne fait voltiger les mots qui s’envolent comme des pensées, qui virevoltent dans notre imaginaire pour s’y loger et nous caresser ou surprendre de mille sensations. Nous savourons à chaque instant le vocabulaire riche et précis, la phraséologie à la fois élégante et simple comme la présente chaleureuse et vibrante de ce personnage qui conte si bien pour se raconter si fort.

 

Nous retrouvons dans la restitution spectaculaire et poétique de cette première plume, le romantisme et le naturalisme qui se conjuguent et se déverseront dans les thèmes significatifs de l’œuvre de Maupassant : L’adultère, le mariage, la famille, l’argent, la quête de l’amour sincère, le statut social de la femme.

 

Ici c’est la vie toute entière de Jeanne qui va permettre de les traverser.

 

Jeanne se confie et parle de sa vie pour tenter de chasser les angoisses accumulées. Elle convoque ses souvenirs qu’elle semble transporter toujours avec elle pour ne jamais tout à fait les oublier. Elle les revit pour apaiser sa peur toujours vive, ses meurtrissures qui ne seront jamais pansées.

 

Une vie d’amours empêchés. Une vie d’affections données sans contreparties suffisantes pour soulager ou satisfaire. Une vie où le malheur semble avoir gagné la partie sur le bonheur échappé.

 

La mise en scène d’Arnaud Denis dessine au personnage des contours doux et truculents. Il donne au récit un climat de confidences qui fait revivre à Jeanne les morceaux qu’elle a choisis de ressortir du passé. La mise en place et en mots relève de l’excellence, dotée d'un soin infini et d'une délicatesse soyeuse, piqués d’éclats de colère et d’effondrements de tristesse.

 

Nous sommes transportés par la prestation de la comédienne. L’incarnation immédiate du texte est stupéfiante.

 

Clémentine Célarié l’intensifie et le recrée en le rendant vivant. Nous baignons dans une beauté pure devant cet art de la narration tout en nuances. C’est superbe.

 

Un temps magique, un ailleurs merveilleux. Nous restons de bout en bout suspendus à ses lèvres, à sa voix, à sa silhouette qui change au fil des années évoquées, à son émotion vive que nous partageons avec elle. La crudité de la tension est palpable, sa cruauté aussi.

 

Un moment de théâtre exceptionnel. Une intensité et une profondeur époustouflantes. Une comédienne rare. Un spectacle admirable.

 

 

Spectacle vu le 18 juillet,

Frédéric Perez

 

De Guy de Maupassant. Mise en scène d’Arnaud Denis. Régie de Mathieu Le Cuffec.

 

Avec Clémentine Célarié.

 

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