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Drôles et intelligentes, cocasses et oniriques, réalistes et surnaturelles, jamais superfétatoires et toujours super thaumaturgiques, quelles magnifiques retrouvailles avec l’univers de Marc Favreau alias Sol que Éric de Dadelsen alias Cløv nous propose avec ce spectacle !

 

Retrouvailles ou découvertes qu’il convient sans aucun doute de partager. Vite, totalement indispensablement, c’est trop vermouilleux pour s’en priver. On peut pas imaginationner de se désennouiller mieux que là, dans ce grand balai estradinaire où l’on fait le dansing tous ensemble.

 

De nouvelles sensations se révèlent avec cet artiste que nous rencontrons pour la première fois, sans regret ni retenue tant il célèbre avec justesse l’univers de l’illustre Sol, inventeur de mots-phrases, de mots-tiroirs, de mots-miroirs et de mots évadés. Tant il l’illumine aussi de ses apports de textes additionnels (avec notamment une merveilleuse « banquise ») et de son propre travail de clown.

 

Il s’empare adroitement de la langue de Sol, restituant son évidence sensible faussement naïve au charme singulier, limpide et déconcertant à la fois, si proche qu’il nous touche sans coup férir. Les tourbillons du vocabulaire nous saisissent et nous emportent, la kyrielle d’images et de pensées nous enveloppent. La raison et l’émotion cheminent côte à côte. La poésie et la réflexion s’entremêlent.

 

La malchance, la misère et l’humiliation qui entourent et obsèdent le clown-clochard, cachent une révolte désabusée et caustique qui explose par paillettes, une dénonciation sociale vitupérante et parfois cynique qui interpelle tout le long.

 

La satire sociale sous-jacente chez Sol devient une critique politique plus marquée chez Cløv. Dans le choix et la combinaison des textes, par le jeu qui fait jaillir à chaque fois que possible les aberrations de l’envers du monde et des systèmes, et les nombreuses adresses au public, souvent teintées par l’actualité, qui scellent la rencontre et le désir de partage de ces regards lucides.

 

Les rires fusent bien sûr, ce clown est drôle et les textes sont efficaces mais l’interpellation réussit son effet et parvient jusqu’à nous. Humoriste, poète fantaisiste et partageur de mots-sens, Éric de Dadelsen alias Cløv est un clown bavard, un rien mime et musicien, calembourdeur agile et tendre, lucide et convaincant.

 

La mise en scène de Maurice Casagranda est rythmée par un mouvement permanent donnée aux flots de paroles, les colorant de légèreté, d’espièglerie et de complicité. Favorisant ainsi et c’est bienvenu, la dimension du clown-diseur, du clown-rêveur et du clown-penseur. En contact permanent avec l’instant présent, chargé de ses émotions qui habillent son jeu, souhaitant maintenir le lien si ténu soit-il avec le public. Pour le toucher, le séduire et l’accompagner dans ce voyage tempétueux et estradinaire. L’interprétation de Éric de Dadelsen alias Cløv s’en empare avec finesse et fougue. C’est réussi. Le plaisir est grand et le moment captivant.

 

Un spectacle drôle et prenant où la magie des mots furète notre imaginaire et notre réflexion. Un comédien-clown qui nous offre un moment joyeux et engagé en sa compagnie pour « prêter une oreille à tentative ». Je conseille vivement cette soirée aux Déchargeurs.

 

Spectacle vu le 30 octobre 2019,

Frédéric Perez

 

De Marc Favreau et Éric de Dadelsen. Mise en scène de Maurice Casagranda. Lumières de Stéphane Chesnais.


Avec Éric de Dadelsen alias Cløv.

 

 

Jusqu’au 16 novembre

Du mardi au samedi à 21h00

3 rue des Déchargeurs, Paris 1er

01.42.36.00.50 www.lesdechargeurs.fr

 

 

Photo © DR

Photo © DR

Photo © Maurice Casagranda

Photo © Maurice Casagranda

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